vendredi 19 mai 2017

Fermer la porte en partant

Qu'est-ce que ça fait bizarre.
J'ai ouvert cet espace quand j'avais 16 ans.
Je n'avais aucune idée de tout ce qui allait se passer dessus, pour moi. Je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer dans ma vie pendant ces quatre ans.
J'ai beaucoup évolué grâce à lui. Ecrire et me partager ici a souvent été salutaire - ça n'était pas tout à fait la même chose que de m'écrire pour moi.
Je n'avais aucune idée de tout ce que ça m'apporterait. Je ne savais pas que ça m'aiderait, d'avoir Bettallumette, moi en mieux, moi en poétique - solide - fragile ; moi qui ose parler. Je ne savais pas que ça allait me changer.

Je ne savais pas que j'aurais des lecteurs - tous plutôt merveilleux -, je ne savais pas qu'on m'enverrait des mails pour me dire, merci, tu m'aides, je me sens comme toi ça fait du bien de rencontrer quelqu'un comme moi, je ne savais pas que je rencontrerais des quelqu'uns comme moi d'ailleurs, je ne m'attendais pas aux commentaires, je ne m'attendais pas aux amitiés, je ne m'attendais pas à vous, en fait. A toi, là.

D'autres choses auxquelles je ne m'étais vraiment pas attendues :
- qu'une lectrice me reconnaisse dans la rue
- qu'on utilise mon travail dans un vrai article officiel (bon c'était le huffington post mais quand même c'était très inattendu)
Non vraiment ça c'était trop fou.

C'est pour ça que j'ai un peu la larme à l’œil en faisant cet article (ça, et parce que je suis hypersensible et que tout me fait pleurer ces derniers temps). Parce que j'aime pas dire au revoir, j'aime pas que les choses se finissent, j'aime pas que les choses changent et que le temps passe.
Mais je crois que j'en ai finis avec ce blog, que ça fait des mois et peut-être même plus que des mois que j'en ai fini avec ce blog, mais que j'osais pas le dire - à moi - à toi - mais à moi surtout. Je voulais pas le laisser avec un dernier article qui conclu rien, parce que j'aime bien que les choses aient un début et une fin, parce que je voulais refermer la porte proprement avant de m'en aller ailleurs (oui il y a un ailleurs, je t'en parle en fin d'article).
Donc voilà. Conclusion. J'arrivais plus à me sentir bien ici et j'ai finis par comprendre que c'est parce qu'ici des lambeaux de ce que j'ai été s'accrochent à moi dans tous les sens - et j'ai besoin de m'en défaire, j'ai besoin d'arriver à être moi.
Y'a aussi un peu de dysphorie dans l'histoire, je t'en ai vaguement parlé au dernier article, et je n'arrive pas à faire avec l'idée d'être associé avec l'identité féminine que j'ai porté tout au long du blog. J'avais tenté de changer le titre, mais au final, c'est trop compliqué, j'ai pas envie de modifier ça. Alors il me faut recommencer ailleurs.

Du coup j'ai créé deux nouveaux blogs : l'un qui remplacera un peu celui-là : La chambre et le Nonchaloir mais en plus "moi de maintenant" et l'autre qui va être un peu un atelier d'écriture (parce qu'il est temps que j'arrête d'avoir peur) avec peut-être des photos et des dessins même si je dessine comme un pied et que j'oublie tout le temps de prendre des photos : Les carnets du Nonchaloir.

Pour le moment, je vais garder ce blog en ligne, je sais pas ce qu'il en sera plus tard (je pense notamment au moment où je commencerai à enseigner), on verra bien.

Paillettes sur toi lecteurice.
Merci ♥

vendredi 31 mars 2017

Non, je ne dis pas pansexuel.le

Depuis assez longtemps maintenant, j'ai un élément stable dans mon identité sexuelle : je suis bi. J'ai eu beaucoup de mal à comprendre la différence entre bisexuel.le et pansexuel.le (et leur déclinaison romantique), parce que : être attiré.e par tous les genres VS être attiré.e par tous les genres, je sais pas toi lecteurice mais ça me semble tout à fait pareil.

Et récemment, j'ai lu une explication qui en tant que garçon-qu'on-prend-pour-une-fille m'a fait dresser les cheveux sur la tête.
ça donnait à peu près : bisexuel.le ça exclu les personnes trans, c'est l'attirance seulement envers les hommes et femmes cis.
Alors.
Alors alors alors.
ça me pose un gros problème. Parce que tu vois c'est encore une fois considérer qu'être un homme trans, ce n'est pas être un vrai homme. Qu'être une femme trans ce n'est pas être une vraie femme. Coucou la transphobie ordinaire, coucou.

A un moment j'aimerais bien qu'on arrête les conneries, les gens. Je veux bien que le terme "pan" ait l'air d'être plus inclusif parce que sa racine grecque signifie "tout", mais bisexuel inclu déjà les personnes trans. Parce que les personnes trans rentrent dans ces deux genres. Et que bi n'a jamais voulu dire "attiré par les hommes et femmes cisgenre". Qu'éventuellement des bi puissent être attiré uniquement par des personnes cisgenre ne me semble pas fou parce qu'encore une fois la transphobie est partout même dans les milieux LGB, mais ça ne veut pas dire que ce terme exclu les personnes trans (au contraire je tends à penser qu'une personne bi sera plus ouverte aux personnes trans justement parce que sortir avec des filles ou des garçons c'est cool et qu'une attention moindre est portée au genre socialement perçu (genre tu sais les vrais hommes ont des pénis) que dans le cadre d'une attirance sexuelle envers un seul genre).

Après tu as le second argument de "et les personnes non-binaires ?" et oui, parlons des personnes non-binaires, j'ai longtemps pensé que j'étais une personne non-binaire (parce que je suis un garçon qui aime les robes tu vois), j'aime beaucoup les personnes non-binaires (coucou l'Amoureuxse)(oui j'aime à ce point-là les personnes non-binaires) et non, je ne pense pas qu'elles soient exclues du spectre d'attirance des bisexuel.le.s tout simplement parce que le spectre de l'attirance bisexuelle est littéralement le plus large.
Je sais pas si tu as déjà vu le drapeau des bi mais il va du bleu au rose en passant par le violet. Le violet. Pour symboliser que ça va du genre fille au genre garçon en passant par le milieu.
Le milieu.
T'sais, NB, entre fille et garçon et ni fille ni garçon.



Et je trouve ça d'autant plus fou de taper sur le terme bi parce que c'est transphobe alors que personne ne tape sur les gens qui ont des attirances monogenrées. Genre si tu n'es attiré que par les femmes et que tu n'aimes pas les pénis et que du coup tu ne veux pas sortir avec quelqu'un que tu perçois socialement comme étant un garçon, c'est pas grave (c'est un peu transphobe mais oké c'est tes attirances donc c'est pas grave)(lulz).

Donc non, je ne dis pas pansexuel, parce que je n'ai pas la justification derrière ça, parce que ça insinue que je pourrais être transphobe (tellement transphobe que...oh lol, je suis trans)(avec aucun passing social mais je m'en fous je suis un garçon avec de la poitrine et des bouclettes et personne ne peut m'enlever ça), parce que c'est transphobe de sous-entendre que les femme trans ne sont pas de vraies femmes et inversement.
Si tu utilises pansexuel, c'est cool et je ne t'en veux pas.
Mais si tu l'utilises en crachant sur mon mot à moi pour des raisons totalement fausses, oui, j'en fais un article.

N'allez pas le répéter, mais le bi vous emmerde.

mercredi 22 mars 2017

Carnets de TCA où est-ce que la guérison

Etant donné qu'il est 5h du matin et que je suis incapable de dormir quand on est trop proche de moi (j'en veux aux normes de couple qui sont en faveur du partage du lit, je dors à peu près 5h - souvent moins - à cause de ça), je vais vous parler de mes TCA (encore) et de comment ils ont évolués depuis il y a un an où à la rentrée j'avais pris la résolution de ne plus manger le midi (ni le matin ni le soir, bref, les TCA, quoi).

Hé bah c'est plutôt la guerre dans mon cerveau (pour changer).
Si tu veux je te fais l'état des lieux de comment ça se passe depuis que j'ai quitté le lycée (trois ans d'autonomie) : 
L1 : je saute beaucoup de repas, je ne me pèse plus jamais, je fais trop de sport, je me blesse, j'arrête de faire trop de sport, je recommence, je me blesse. Je rentre dans une phase restrictive violente à l'approche de l'été où je fais des crises d'angoisses à l'idée de manger un kiwi alors que j'ai marché 4h.

L2 : je continue à ne pas manger le midi et à ne presque rien avaler le matin et le soir mais ça va un peu mieux (?). Toujours pas de balance, ce qui diminue la prise de tête et l'augmente en même temps. J'ai une sorte de déclic en octobre-novembre, quand je me rends compte que passer ses partiels avec rien dans le ventre et une douleur constante dans l'estomac ben...ça fait mal. Et ça n'aide pas. Du coup réalimentation anarchique + pas de sport (je refusais d'en refaire parce que 1) plus de possibilité de courir 2) je ne sais pas vraiment gérer le sport via les vidéos de sport. Tout ce contenu de soyez heathy fit blablabla la meilleure version de vous même ça a tendance à me recoller le nez dans mes TCA de façon très violente (et dans la culpabilité de ne pas atteindre la perfection / de ne pas m'entraîner tous les jours pendant x temps, bref, je n'ai jamais trouvé tant de positif dans la communauté fitness mais chacun son truc)). Du coup je prends gentiment du poids (et je refume, aussi, pendant quelques mois, puis je re-stop brutalement, ce qui n'aide pas trop) et ça suffit à me faire disjoncter. Retour à la case départ. Eté. Phase restrictive. Ingérable parce que je suis chez mes parents. L'envie constante de me tirer une balle dans la tête mais un grand sourire de "je vais bien" (alors que non, j'ai envie de mourir très fort, je ne veux plus être dans mon corps et en plus de ça j'angoisse énormément à l'idée de retourner à la fac).

L3 : Début un peu chaotique. J'ai réintroduis le repas de midi depuis le début de l'année. Et le sport, aussi. Beaucoup au début de l'année (enfin trois séances par semaine), avec de la musculation un peu intense pour faire travailler le corps et "me muscler le dos" et puis ce qui devait arriver arriva : blessure, douleur au dos tellement vive que j'avale de l'ibuprofène par paquet de douze (moins, en fait), tendinite des bras qui se réactivent et ne disparaissent plus entre les séances, bref, faites du sport. L'ostéopathe m'engueule un peu sur le mode "tes vertèbres elles dansent le cha-cha là arrête donc de soulever des trucs et t'as l'air trrrèèès fatigué ton corps a plus besoin de repos que de travail en plus". Re-arrêt.
Depuis décembre je cohabite avec une balance, donc depuis décembre mon poids est stable et je le sais et ça n'est jamais arrivé de toute ma vie donc je ne sais pas quoi en faire, de ce poids stable (qui est trop haut selon mes critères d'anorexique rongée du neurone, trop haut selon mes critères "normaux" (si tant est que j'en ai), mais ça va l'IMC est content et ça aide à tolérer). Je me rends compte que je n'ai pas de repère dans mon corps, que je fluctue entre une perception de moi trop grosse ou trop maigre (par rapport au réel), que je n'ai aucune idée du réel, que les cinq centimètres pris depuis la fin du lycée me perdent encore plus, que les muscles cachés quelque part là-dessous (je refais du sport. Je soulève juste plus des trucs parce que j'en ai marre d'avoir mal tout le temps (enfin je veux dire que j'ai déjà mal tout le temps un peu partout et si j'en rajoute c'est trop)) accentuent encore le décalage ressenti entre moi et le chiffre. Donc je ne sais plus vraiment où j'en suis niveau corps, parfois je me sens bien, parfois je disjoncte pendant les cours et j'angoisse juste parce que mon corps existe dans l'espace...C'est très compliqué mon rapport à mon corps et je suis pas sûre de bien comprendre. D'avoir stoppé le "je mange pas. Rien. Jamais." ça a soulevé tout un tas de questions auxquelles je ne faisais pas attention parce que de toute façon mon corps je le détestais donc il fallait arrêter de manger et le punir.
Oui et non, c'est beaucoup plus compliqué que ça.

J'ai lâché prise en entier sur l'alimentation. C'est-à-dire que je mange quand j'ai faim, et ce que je veux, et même si j'ai des coups de panique parce que je ne mange pas toujours parfaitement (qui fait ça ?), ça va. Y'a des séquelles, quand même. En janvier-février j'ai fais un stage dans mon ancien lycée et deux jours par semaine il fallait donc que je mange en salle des profs, que j'apporte de la nourriture que j'avais faite moi et que je la mange devant des inconnus ou pire mes anciens profs (c'était très dur). Du coup y'a eu des journées sans manger avec trop de cigarettes et la tête qui tourne. Ce sont des choses qui arrivent. Le week-end quand le Fou n'est pas là j'ai horriblement du mal à manger (d'ailleurs je fais globalement deux repas qui sont globalement une tranche de pain et globalement tu peux voir que les moments où on me laisse gérer je démissionne). 
J'ai aussi des angoisses parce qu'à force d'avoir passé 5 ans à dire non à toutes les envies alimentaires je m'en retrouve avec plein des fortes impérieuses dures à gérer. Du coup je les laisse traîner une semaine, deux semaines, où j'ai l'impression de manger n'importe comment et beaucoup trop (alors que non, je mange même moins parce que souvent j'ai pas envie de ce que je mange et ça me coupe), juste parce que je refuse de céder à l'envie. (Anecdote drôle : une fois j'ai eu un craving sur de la salade (très exactement de la roquette mélangée à de la mâche le craving est toujours beaucoup trop précis), et j'ai paniqué comme si j'avais eu envie de manger un truc interdit. Mais vraiment paniqué parce que j'arrivais pas à vouloir autre chose que de la salade et qu'avoir envie d'un truc à ce point c'était dangereux et que céder aux envies c'est dangereux. Ou comment mes TCA m'ont empêché de manger de la salade sereinement (mais c'est ça qui m'a fait capter que les envies alimentaires intenses je pouvais les écouter c'était pas dangereux)).
Bref, j'ai encore un peu un problème de contrôle (ou plutôt ça m'embête d'avoir lâché le contrôle, d'ailleurs je n'arrive pas à arrêter de fumer intégralement alors que ça ne me posait aucune difficulté avant, donc je me dis que y'a quelque chose qui vient pour compenser un truc).

Mais pour être honnête, je crois que j'en suis arrivée au point où j'ai autre chose à faire que de pas manger. Mes études me passionnent et avec les troubles croisés (l'anxiété, l'autisme, l'insomnie souvent et de plus en plus) je ne peux juste pas vivre si je ne mange rien.

Alors j'ai dis que c'était pas très grave si y'avait un peu trop de moi à mon goût et j'ai essayé de vivre, pour voir.

jeudi 16 mars 2017

Vita et Vivi : Correspondances, de l'amour, du quotidien, Potto et des phalènes

Mais qu'est-ce que c'est que ce titre.
J'ai pris la résolution intime et déterminée de vous faire des chroniques de livres. Je lis pas mal de livres (sans blague), tout en n'étant pas vraiment une grosse lectrice. Enfin je suis quand même plutôt rapide mais je lis beaucoup moins que quand j'étais une enfant.
(cependant j'ai appris dans je ne sais quel magazine que lire plus de 15 livres par an, c'était être un gros lecteur. J'en suis à 19, là, en mars).
Spoiler alert : les livres ont, ont eu, auront une importance capitale dans mon existence.
Spoiler alert : je suis timide, je ne sais pas parler, je suis frustré. Je ne parle jamais assez de livres.

Donc dernièrement j'ai lu la correspondances entre Virginia Woolf (spoilert alert : il n'y a pas d'auteur que j'aime plus, qui soit plus à l'intérieure de moi-même que Virginia Woolf) et Vita Sackeville-West. En vrai je voulais lire son journal intégral mais ça allait prendre beaucoup trop de temps à lire et je cherchais a bit of light reading pour pendant les vacances.

550 pages de correspondance. Une préface / introduction plutôt fournie (oui je lis la préface déformation professionnelle du coup je vous fais une revue de la préface), qui donne un bon aperçu de l'oeuvre et éclaircit certains points qui peuvent être obscurs ou mal interprétés selon si tu es un biographe de Vivi ou pas. Cela étant, le gens qui a fait la préface est un peu trop à mon goût dans l'interprétation (ce qui m'embêterait moins si j'étais d'accord avec lui, or je ne suis jamais d'accord avec les gens à préface), ce qui est un défaut très commun aux gens de préface il me semble - sauf la préface de Portrait d'un inconnu faite par Sartre pour Nathalie Sarraute qui est très très bien.

J'aime plus qu'aucune autre la littérature de l'intime. Et j'aime plus que n'importe quel autre écrivain Virginia Woolf.
Donc j'ai sauté sur la correspondance de Vivi et Vita (j'aurais bien sauté sur son journal mais il y avait du travail à faire, encore du travail, toujours du travail et le journal était conséquent - trop).
J'ai lu la correspondance Vivi et Vita.
Première remarque : Virginia Woolf est une épistolière incroyable. Vita Sackeville-West est une épistolière incroyable (et je meurs d'envie de découvrir sa littérature - donc j'en lirais probablement dans trois *ha non je passerais l'agreg haha* quatre ans), elle aussi (mais Vivi > le reste du monde).



Si tu as déjà lu du madame de Sévigné, tu es un peu familièr.e de cette façon de raconter les petits tout-et-riens du quotidien, les gens qu'on voit, ce que l'on fait, les petites nouvelles des uns, des autres, les gens qui passent, qui demeurent, qui passent...
Et il y a très ça dans la correspondance de Vivi et Vita. En plus d'une espèce de tension - parfois on sent l'amour, parfois on sait l'amour, parfois on sait les déchirements intimes dont elles ne disent rien dans les lettres.
Il y a une forme de gaieté qui ne parvient pas à s'éteindre dans les petites choses du quotidien.
Elles saisissent ça.

Bref, j'ai beaucoup aimé ce livre et le conseille même à celleux qui ne sont pas Virginiawoolfauphile comme moi.

dimanche 5 mars 2017

"T'écris pas des vrais hommes"

Un jour j'ai fais lire un texte à quelqu'un.
Il m'a dit que mon personnage ressemblait pas à un homme.
Parce que mon personnage, il était trop dans ses émotions et plein de fragilité. Donc pas un homme, hein.
Et le héros de mon livre que j'écris en ce moment, c'est un garçon cisgenre.
Mais misère, il n'est pas écrit comme un garçon !
Il a des émotions !
Il pleure !
Il ne cherche pas à faire le sexe avec une fille !
Il n'est pas courageux ni agressif !
Quelle horreur, ça n'est pas un vrai garçon !
(Ceci est de l'ironie)



On parle beaucoup de la représentation des filles hors des clichés de fille, et elle est ultra-nécessaire et j'essaye d'y faire attention, de proposer de bons personnages féminins, suffisamment réalistes et variés, mais je pense que c'est tout aussi nécessaire de faire attention à comment on représente les garçons. Ils sont certes sur-représentés mais j'ai un peu l'impression qu'on a toujours les mêmes garçons avec la même masculinité traditionnelle.
Alors que, ne m'identifiant pas à 100% au genre fille ni à 100% au genre garçon mais parfois au genre fille ou au genre garçon, si je trouve des filles auxquels je peux m'identifier, niveau garçon y'en a zéro.
A part Harry Potter parfois et les garçons que moi j'ai écris.

Les personnages hommes que j'écris sont de vrais hommes. L'expression de genre masculine va au-delà des clichés de genre. Et c'est important pour moi - et probablement pour d'autres personnes - d'écrire des personnages masculins qui soient fragiles. Qui ne soit pas nécessairement des garçons-hétéro-graou-virils. Parce que, enfin, je sais pas, vous trouvez pas que y'en a pas déjà trop, de ça ?

En tant qu'auteur je trouve ça dur parfois de faire attention aux questions de représentation. J'ai tendance à faire des persos blancs maigrichons éthérés parce que c'est une esthétique que j'aime beaucoup et avec laquelle j'ai grandis, mais en terme de représentation c'est pas top du tout. Donc j'essaye de modifier mes persos mais je ne trouve pas ça neutre de décréter que "oh lui sera Coréen et elle aura des parents venant du Maroc et puis lui sera gros et elle sera handicapé" parce que ça a forcément un impact. Et j'ai peur d'être maladroit, de faire des trucs clichés, de pas savoir faire. Je veux bien les traiter comme n'importe quel être humain mais dans tous les cas la société te traite pas pareil suivant ta couleur de peau, ton genre, ton poids, tes handicaps visibles ou invisibles...Du coup c'est compliqué à écrire.
L'autre point qui me culpabilise c'est que j'écris souvent à propos de gens malheureux. Je n'ai pas encore compris comment écrire le bonheur. Mais du coup, si je propose une fille trans malheureuse, est-ce qu'on va penser que tous les trans sont malheureux ? Si je propose un personnage d'autiste malheureux et incapable de vivre, on va penser que tous les autistes sont comme ça ? Si je montre un couple de lesbiennes qui ne savent pas comment s'aimer, on va penser que les personnes homosexuelles ne vivent pas de vrais amours ? Si je fais un perso asexuel et dépressif, on va penser que les asexuels le sont à cause d'une dépression ?
A partir du moment où j'ai commencé à m'intéresser aux questions de représentation j'ai dû commencer à repenser mes histoires. Parce que j'ai envie de montrer qu'il y a une issue quelque part (mais en même temps j'ai pas trop trouvé où je crois que l'issue parfois c'est juste continuer à marcher avec la tempête au-dessus de la tête) mais si j'écris jamais au sujet des gens heureux comment est-ce que ça peut marcher, comment est-ce que je peux rassurer les gens ?
Je sais pas trop.

ça m'intéresserait d'avoir ton opinion de lecteur, d'auteur, d'artiste...Tu as déjà réfléchit aux questions de représentation, toi ?

mercredi 1 mars 2017

Lapinologie - être déçu

Quand j'ai rencontré Tolstoï-le-lapin-de-moi, j'ai essayé de tout faire bien.
Je m'allongeais par terre pour laisser la bestiole venir découvrir l'autre bestiole (moi). Je lui faisais des caresses qu'il pouvait apprécier (il y a des contacts que les lapins préfèrent à d'autres (Tolstoï-le-lapin préfère qu'on lui masse gentiment les joues)). Je refusais de le brusquer, je refusais de le prendre de force pour le caresser, je refusais quoi que ce soit de violent (et d'abuser de ma taille d'humain). J'avais envie de hurler sur mon père qui lui criait dessus, qui lui faisait peur, qui était brusque - mais non un enfant ça doit le respect et puis c'est drôle c'est pas grave je m'en fous que tu fasses ton possible pour cet être vivant soit heureux et sécurité et en bonne santé.

Puis j'ai eu un énorme épisode dépressif. J'ai arrêté de passer du temps avec mon lapin. Ou le temps que je passais avec lui était frustrant. Les deux attaquaient les mains dès qu'on les approchaient d'eux. Pas sociables.
Puis je suis partie à la fac.
Donc plus de lapinage.
Du tout.
J'avais abandonné un animal qui était sous ma responsabilité et je me sentais coupable. A la fin ils ne sortaient presque plus de leur cage et ils mangeaient des mélanges de granulés avec du maïs dedans (alors que hein (je peux te balancer des infos pendant très très très longtemps à propos des lapins, tu sais))(mais bref retient ceci : herbivore strict, pas de fucking céréales, et si tu as envie tu peux lire les 12 pages de pdf)(j'ai eu du mal à trouver des sources qui ne sont pas des sources de "comment alimenter ton lapin si tu veux faire un élevage pour manger du lapin").
Et puis Bubulle-le-second-lapin est mort.
La tête dans sa gamelle de graines toxiques.

Et j'ai pleuré parce que c'était ma faute parce que je n'avais pas su protéger les bestioles. Parce qu'il avait 5 ans et que ce n'est pas vieux, comme âge (pas du tout) pour un lapin. Parce que c'était ma putain de faute.

Alors le Fou a dit d'accord, on le prend ta bestiole, on le met dans un coin.
Semi-liberté. Il a un enclos d'un mètre vingt sur un mètre vingt, accès à tout l'appart, des trucs pour défouler sa lapinance dessus (#BouleFoin), de la meilleure nourriture (même si le changement se fait en douceur - càd je lui file encore des graines mauvaises mais pas tous les jours et qu'il a que des micro quantités de nouveaux aliments). Il ose pas encore sortir, peut-être qu'il osera jamais (aussi le reste de l'appartement est bof intéressant d'un point de vue lapin, y'a rien à brouter et pas de trou pour se cacher), même si pendant le nettoyage de litière il a pointé son nez dehors très vite en marchant comme quand il était encore petit (pas par petits bonds mais comme un petit chien. C'est très mignon en vrai).

Je sens que ça va être très dur de gagner sa confiance en tant que nous humains. Pour le moment il se fout de notre présence / il est pas très content de nous. Il est moins craintif avec moi qu'avec le Fou parce qu'il me connaît un peu et que le Fou essaye de jouer avec lui (alors qu'on a un lapin pour qui les mains sont des choses méchantes qui te saisissent pour te déplacer dans les airs).
Mais il fait sa vie de lapin. Il joue avec ses jouets. Il fait des siestes, couché comme une poule, il se lave pendant au moins 18h par jour (je n'ai jamais vu un lapin faire autant sa toilette), il se barre vite fait en jetant ses pattes en arrière dès qu'on l'embête (càd quand on lui donne de la nourriture), il grognoute comme un lapin curieux dès qu'on fait des trucs dans son enclos (#LeGrandNettoyage), bref, il fait des mignonneries de lapin.

Il m'a laissé le caresser un peu à un moment où il avait peur parce qu'on avait tout chamboulé son environnement (t'avait qu'à pas faire pipi par terre, lapin) et il s'est calmé. J'ai été toute émue-touchée-chamboulée.

Pourquoi je te raconte tout ça, lecteur ?
Déjà parce que j'aime parler de lapins. J'aime les lapins. Si un jour Tolstoï meurt (dans longtemps) ou si j'ai un emploi avant ça, je projette d'en adopter un autre (voir deux ou trois) et d'être très heureuse de ça.
Ensuite parce que, souvent, on lit des témoignages de gens qui ont adoptés des animaux et avec qui c'est idylliques, et on s'imagine que si on en adopte un on va de suite devenir le centre de son univers et recevoir des tonnes d'amour.
Mais ça ne se passe pas tout le temps comme ça.
On est face à un être vivant. Avec un caractère, des émotions, comme nous.
Peut-être que cet être vivant ne nous apportera jamais la tonne d'amour qu'on espérait recevoir. Mais il ne nous doit rien. Nous sommes responsables de lui. Mais il ne nous a rien demandé.
Je suis triste de ne pas pouvoir effacer en un clin d'oeil les erreurs que j'ai faites avec Tolstoï le lapin. J'aimerais qu'il sache que je veux juste son bien.
Mais il n'a aucun moyen de le savoir, et je ne peux pas lui en vouloir de ne pas être câlin avec moi, de ne pas avoir une relation aussi cool avec lui que quand il était bébé. C'est moi qui ait fait des erreurs avec un lapin pas très sociable de base alors je suis triste dans mon coin et je prends mon temps avec lui. Et ça prendra sans toute plus de temps que si je l'avais pas livré à lui-même à un moment.
Il faut passer outre la déception et la frustration.
Alors je fais de mon mieux pour qu'il aille bien, et j'attends.
Et je suis déçue parce que je voudrais bien une relation parfaite avec mon compagnon de planète poilu.
Mais il faut passer outre.

mercredi 22 février 2017

La blessure la plus proche du soleil

Salut à toi lecteurice !

J'ai fais un stage dans mon ancien lycée pendant un mois et demi. J'ai vu des élèves, des cools, des avec qui j'ai échangé plus de trois mots, des que j'ai jamais regardé dans les yeux, j'ai donné le premier cours de toute ma vie (pendant deux heures, avec des secondes choupi et Rimbaud), le deuxième cours de ma vie (pendant trente minutes, sur de la méthodo de dissertation, avec des 1ères S mais ça s'est moins bien passé puisque j'étais crevé, que j'avais préparé mon cours vite fait, que je ne connaissais pas la classe très bien et que j'avais vraiment très très peur).
Mais le mieux, ça a été d'échanger avec les deux profs qui m'ont vraiment formée en tant qu'humain littéraire. J'ai vu comment ils construisaient des cours, des liens, j'ai vu comment ils étaient humainement.
C'était bien de découvrir des humains adultes avec lesquels je ne me sentais pas bizarre.
C'était aussi bien de voir que j'étais capable d'être une prof, d'enseigner, de parler assez fort (spoiler alert les profs arrêtez de crier sur vos élèves pour qu'ils parlent fort c'est pas naturel de parler fort).

Le soir je rentrais avec le monsieur et on discutait. On parlait de gens, de livres et de musique (souvent il parlait de chapeau, de chaussures et de bagues - il aime bien s'habiller joliment et il avait l'air tout à fait enfantin quand il me disait "j'ai commandé une nouvelle bague, regarde").
Et je me souvenais de la morsure. Du désir douloureux d'apprendre, d'avaler la connaissance encore et encore et encore.

Alors je fais ça.
Il s'avère que j'ai du temps, ces derniers temps, pour ça. Alors j'apprends. Je travaille. Je lis. Tout le temps. Intello.

Je n'arrive plus à arrêter, j'ai l'impression que chaque seconde que je passe hors de ça est perdue.
Et en même temps quel enrichissement, toutes ces lectures, ces connaissances. J'ai enfin l'impression d'être à ma place. Pas dans le monde. Dans un monde de mots.

Mais je ne pourrais jamais tout savoir expérimenter connaître. Il me reste tant de choses à découvrir. Je n'ai pas encore exploré la philosophie, et l'histoire, et la sociologie, et les mathématiques, et la physique, et la chimie, et la psychologie, et j'effleure à peine la littérature. Je n'aurais pas le temps. Parce qu'il faut sortir de l'endroit qu'on se forge dans sa tête et vivre. Et socialiser. Et aller en cours - alors que dans les cours parfois on n'apprend rien, on fait.
Je n'aime pas faire.
J'aime absorber parce que je suis un gouffre avide.
C'est ça mon faire. Un faire en creux.

Days I enjoy

Days I enjoy are days when nothing happens, 
When I have no engagements written on my block, 
When no one comes to disturb my inward peace, 
When no one comes to take me away from myself 
And turn me into a patchwork, a jig-saw puzzle, 
A broken mirror that once gave a whole reflection, 
Being so contrived that it takes too long a time 
To get myself back to myself when they have gone. 
The years are too strickly measured, and life too short 
For me to afford such bits of myself to my friends. 
And what have I to give my friends in the last resort? 
An awkwardness, a shyness, and a scrap, 
No thing that's truly me, a bootless waste, 
A waste of myself and them, for my life is mine 
And theirs presumably theirs, and cannot touch.

Vita Sackville-West