samedi 21 septembre 2013

Seuls les cailloux ignorent la peur

Bienheureux soient les cailloux.
J'ai un gros défaut qui tend à m'énerver, j'ai peur de tout. Non non, attend. En vrai.

J'ai peur des portes ni ouvertes ni fermées, et ouvertes elles me dérangent encore, j'ai peur des œufs parce que le jaune d’œuf c'est pas normal, quand je me regarde dans un miroir j'ai peur de regarder ce qu'il y a derrière moi, j'ai peur du noir, de fermer mes volets la nuit, de faire du sport devant des gens dont le jugement est important, de parler en public dans une langue étrangère, d'avoir les cheveux sales, des gens qui conduisent trop vite, de manger à la cantine, de manger, de grossir, des hôpitaux, des actes médicaux, des couteaux quand c'est pas moi qui les tient, de Gollum, de la foule, des espaces trop grands, des espaces trop petits, de prendre l'ascenseur toute seule, d'être en avance, d'avoir chaud, d'appeler les gens avec un téléphone, que quelqu'un soit dans ma chambre à mon insu.

Et j'ai des tocs, aussi.
Genre, je vis dans un bordel monstrueux, mais bouge un objet à moi et je pète un câble. Tout doit rester à la place que j'ai décidé. Et je prend deux douches par jour, je vérifie sept fois que la porte du frigo est fermée, j'ai une séquence de chiffre à faire avant de me servir du micro-ondes, au self je range mon plateau et je fous la serviette sur l'assiette avant de la saler/poivrer quand j'ai finis de manger, je pose mon t-shirt sur la poignée de la porte de la salle de bain avant de me doucher, je frappe à la porte de ma chambre avant d'entrer, le volume de mon mp3 doit être un mutliple de 7 qui n'en est pas un (genre, 9. 7x2=14, 14-7=7, 7+2=9)(et oui je dois utiliser tous les chiffres), je peux pas dormir si on m'a pas dit "bonne nuit", avant de traverser une route je touche mon petit doigts avec mon pouce (sur la main gauche). (liste trop longue, on coupe).
Les tocs, ce sont les sortilèges trompe-la-mort.

En fait, tous ces trucs là au-dessus sont sans réelle importance (bien que chiants puisque je ne parviens pas à m'en débarrasser).
Le vrai truc dont j'ai peur, c'est le temps.
J'ai peur du temps. Des fois ça me prend, comme ça, et de voir les secondes qui passent alors que je ne les vis pas intensément me terrifie. J'essaye de conjurer l'angoisse. J'emmerde le geek pour avoir un câlin, en fait. Histoire de me dire "là, cet instant, il était à moi, il était bien, je l'ai vécu".
Mon sortilège trompe-la-mort préféré, le câlin au geek avant qu'il aille en math, pendant qu'il râle que je suis chiante.
Parce qu'après, il y a les cours, le sommeil, l'insomnie, les gens, la solitude, les choses matérielles, les encombrements spirituels.
Des pertes de temps.
Je veux vivre.
Et j'ai la menace du compte à rebours au dessus de ma tête. Et j'y pense trop.

"Tous les hommes sont mortels: mais pour chaque homme sa mort est un accident et, même s'il la connaît et y consent, une violence indue." Simone de Beauvoir, Une mort très douce.
Read more at http://www.dicocitations.com/reference_citation/3167/Une_mort_tres_douce_1965_.php#b3IbDPjTKF5etI0A.99

Source citations sur la page Une mort très douce (1965). - 7 citations - Référence citations - Dicocitations

4 commentaires:

  1. Punaise comme je te comprends. J'ai pas tous ces tocs (bien qu'à un moment, je buvais des gorgées d'eau paires, je mangeais un nombre de bouchées et de mastications paires, etc. et de préférence, le tout puissance de 2 (genre 2, 4, 8, 16, 32). De cette époque, il ne me reste que les escaliers. Je les monte et les descends préférentiellement de 2 en 2. Et de 3 si ça me fait finir avec 1. Pour que le tout reste pair. Bref.), mais cette peur du temps qui s'écoule... Ça m'arrive si souvent... Te dire que le temps passe et que tu n'en fais rien, c'est atroce. C'est souvent ce qui me fait spleener. Mais l'autre jour, je me suis dit : et si, au lieu de regarder le temps passer avec regret... Je m'arrêtais. Et je le laissais simplement filer un petit peu. Je lâchais prise. Eh bien, ça m'a fait du bien, finalement. Après je reprends tout, mais j'ai fait une pause, ouvert puis refermé une parenthèse. J'ai pris une bulle de temps, et je l'ai savourée par mon inaction. J'ai senti le temps s'écouler, et j'en ai profité.

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    1. Et encore. J'ai pas tout listé sinon ça allait être bieeen trop long ^^
      Faut que tu m'expliques comment tu as fait parce que le temps, je le vois passer tout le temps. Des fois, pendant les instants parfaits, là j'ai plus peur quand le temps passe parce que je l'ai bien vécu, mais sinon, quand je suis en train de faire un truc inutile parce que j'ai pas le choix, c'est atroce.

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  2. Ben en fait, il faut dire que je fais toujours le plus de choses en même temps possible, histoire d'occuper mon cerveau. Dès que je cesse d'être occupé par 3 tâches en même temps, je m'ennuie (sauf quand j'écris, que je fais des maths, de la physique ou que je lis)... C'est pour ça que le Spleen est un ennemi si grand pour moi : il peut surgir n'importe quand, il suffit que je ne fasse pas assez de choses. Fin bref, j'imagine que c'est mon moyen à moi de ne pas laisser filer le temps... même si c'est contre-productif...

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    1. ça me fait penser à Baudelaire pour qui l'ennui était le plus grand mal de l'humanité.
      Oui, au final je fais pareil, sauf quand je peux plus m'occuper.
      (est-ce qu'il surgit souvent la nuit ?)

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