lundi 7 septembre 2015

La confiance en soi, ce lent processus

J'ai l'impression que c'est devenu le sujet à la mode, l'injonction à la mode : ayez confiance en vous, le reste suivra !

Sauf que.
Outre le fait que c'est une injonction que personnellement, je trouve culpabilisante. On te répète sans arrêt que la confiance en soi c'est la clef de tout et que si t'as pas confiance en toi ta vie elle va être nulle et qu'il va jamais rien t'arriver de bien parce que ça se sent quand tu as pas confiance en toi et que les gens qui on pas confiance en eux transmettent une impression de nullité.
Du coup, déjà que t'as pas confiance en toi, bah, tu te sens en plus nul-le de pas avoir confiance en toi.
Je trouve que ça craint.

En plus, la confiance en soi n'est pas un sésame magique qui va vous ouvrir toutes les portes du monde.
D'accord, elle va vous en ouvrir beaucoup plus que si vous restez dans votre coin à vous répéter sans cesse que vous êtes quelqu'un de tellement nul qu'il ne mérite pas d'usurper de l'oxygène sur cette planète - mais j'espère que pour beaucoup d'entre vous, vous vous situez un beau moins bas dans l'échelle de la confiance en soi.

Ce qui a souvent l'air d'être oublié, c'est que c'est un processus lent, la confiance en soi, qui vient de l'intérieur, et qui n'est jamais total.
Je ne sais pas si j'ai confiance en moi, je ne sais pas si je n'ai pas confiance en moi. Je me sens un peu au milieu. Quand je cuisine en général j'ai confiance en moi, parce que je sais cuisiner (même si parfois, c'est mauvais, c'est pas grave). Quand j'écris, ça va ça vient suivant les jours (si toi aussi tu es écrivain, tu dois comprendre ce syndrome du "wouhou je suis un génie" et trois lignes après "haaa je veux me suicider je sais pas faire des phraaaases"). Mais quand je dois parler devant des gens, faire quelque chose que je n'ai jamais fait, j'ai peur et je me dis que je ne vais jamais y arriver. Et au final, ça marche.
La première fois que je suis montée sur un cheval, j'étais morte de peur.
Et puis j'ai appris, et à force d'apprendre, j'ai passé des galops et commencé à faire des compétitions, et à vraiment adorer ça.

Mais entre le stade "oh mon dieu mon poney marche au pas j'ai peeeeuuur" et le stade "wouhou, saut d'obstacle sans les étriers !" (oui, d'ailleurs, il est possible que j'ai assassiné ma cheville gauche lors d'une de ces reprises)(d'ailleurs, le cheval que je montais est mort, et j'avais beau ne pas l'aimer beaucoup, ça me rend un peu triste), il y a eu des années de pratiques, de perfectionnement, des chutes, des blocages, des déblocages, des progrès, du travail, un apprentissage, tout simplement.
C'est aussi ça, la confiance en soi : un apprentissage. La somme de tes capacités. C'est en permanence à recommencer, dès que tu fais face à quelque chose de nouveau tu as de nouveau plus aucune confiance en toi et tu dois apprendre à en trouver.




Du coup, considérer la confiance en soi comme un état stable à obtenir à tout prix me paraît étrange. Puisqu'on change en permanence, puisqu'on fait face à de nouveaux défis à longueur de temps, c'est normal que parfois nous ne soyons pas plein d'assurance, et c'est même salvateur par moment : quand vous apprenez à conduire, vous avez peur et en général vous êtes excessivement prudent, et tant mieux, ça évite de mourir.

Cependant, je n'en renie pas l'utilité : douter tout le temps de soi, c'est épuisant, et il faut lutter contre cette tendance à se dévaloriser qui est beaucoup trop présente partout (mais je laisse ça à d'autres, apprendre aux gens à avoir confiance en eux), mais, juste, la confiance en soi n'est pas un truc magique qui va changer votre vie. C'est vous qui pouvez changer votre vie tout seul en cessant de vous limiter par peur.

Paillettes sur toi.

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