lundi 19 octobre 2015

J'ai pas le temps, je suis overbooké

Il y a quelques temps de cela, notre devoir en littérature et enseignement était de récupérer divers journaux pour les amener en cours afin de faire des collages (ou cut-up, comme elle disait la dame)(d'ailleurs ça m'a rendue dingue cette histoire de collages maintenant j'amasse les prospectus pour les mélanger dans des poèmes)(bref). Et donc je me suis retrouvée  avec un exemplaire du Petit Bulletin qui comportait un petit encadré en première page sur la tendance à être overbooké, ces derniers temps, ou à tenter de le paraître si on ne l'était pas vraiment.
Et effectivement, je vois peu de gens qui ont le temps. Le temps de quoi, vaste question, mais c'est encore une autre question. Beaucoup de gens qui courent, qui accumulent les projets, qui te répondent toujours qu'ils n'ont pas le temps.



Mais pourquoi diantre personne n'a jamais le temps ?

A cette question, j'ai trouvé deux réponses : on manque de temps pour faire les choses essentielles. La vie nous presse et nous y répondons en nous pressant de plus en plus. Pour essayer de rattraper le temps. De retrouver la vie qui nous manque.
Ou on manque d'essentiel pour remplir la vie. Alors on la rempli de plein de trucs et on se retrouve à courir tout le temps. Pour oublier que la vraie vie est absente.
Dans les deux cas je trouve le constat vraiment triste.



Puis y'a le rapport au temps faussé, aussi (c'est horrible, cet article n'est pas structuré et ça fait des jours et des jours que je bouffe du commentaire composé en 27 parties je deviens dingue au secours).
De nos jours on visualise le temps comme quelque chose de donné, qui nous appartient, et que l'on peut faire fructifier en étant productif, ou que l'on peut perdre en ne l'étant pas. Comme si la vie était une entreprise, un capital, et que le but du temps c'était de le remplir par de vraies choses tangibles et concrètes.
Dans un cours que j'ai et que j'adore (Approche comparée des littératures européennes wesh), on lit des livres d'auteurs-voyageurs de l'est lointain qui écrivent en gris et qui te donnent froid, et qui parfois parlent d'Afrique (si jamais tu cherches des images traumatisantes, je te conseille n'importe quel livre de Tochman, personnellement c'est trop d'horreur pour moi qui suis désormais incapable d'entendre le mort "crime" mais il a vraiment une belle écriture). Et justement, dans ce livre de Tochman (entre deux hurlements mentaux j'écoutais quand même) il parlait de la façon qu'on les africains de concevoir le temps. Ce sont eux qui décident s'ils ont le temps ou pas, ce sont eux qui avancent vite ou pas vite. Ils ne perçoivent pas le temps comme une donnée extérieure mais comme une donnée interne qui n'avance pas sans eux.
C'est assez compliqué à expliquer mais je trouve cette approche ô combien plus intéressante et pertinente que l'approche du temps occidentale, et surtout bien moins écrasante : j'ai le temps. Tu as le temps. Nous avons tous le temps. Parce que c'est quelque chose qui est en nous, et qui ne nous échappe pas.






Il est possible que j'ai fais cet article juste pour coller des images d'horloges partout, oui.

6 commentaires:

  1. Je pense que le temps des africains, ce temps intrinsèque, on l'a nous aussi. On a le même. Seuls sur une île déserte, le temps redevient celui-ci.
    Seulement, notre temps, celui des occidentaux, est contraint par le temps des autres. Les temps de deux personnes, proches ou non, vont avoir des divergences. Alors combiner les temps de millions de personnes, on en arrive à plus savoir ci ce temps est le notre ou celui d'un autre.
    Quand on n'a pas le temps, c'est qu'on fonctionne avec le temps de quelqu'un d'autre, un temps qui fonctionne pour lui mais pas pour nous.

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    1. Je suis toujours surprise par toi.
      Effectivement.
      Les gens veulent qu'on marche avec leur temps.
      Effectivement.

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  2. C'est pas tant qu'on n'a pas le temps, mais qu'on n'a pas le temps pour tout. Et c'est souvent par choix (exemple : j'ai choisi de faire des études chargées et je veux faire du bon travail donc je ne prend plus le temps de lire, ou alors je décide de favoriser mon.sommeil à une fête donc je n'ai pas le temps pour cette dernière). Le problème est qu'on se place souvent dans une position où on subit le temps qu'on a pourtant nous même choisi, en principe tout autant qu'un africain.

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    1. Oui, du coup il faut sortir de cette position passive face au temps (qui finalement nous fait souffrir) pour se placer dans la position de celui qui décide.

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  3. Personnellement j'ai arrêté de dire "j'ai pas le temps". J'ai TOUJOURS le temps. 24 heures dans une journée, c'est énorme !
    Personnellement, je trouve le "j'ai pas le temps" anxiogène (il laisse souvent penser qu'on travaille ou étudie beaucoup) et un peu mensonger (on a pas le temps, mais on reste 5-6 heures sur l'ordinateur).
    C'est pour ça que j'essaie toujours d'adapter mon emploi du temps. Par exemple si une amie veut me voir je dis toujours oui, même si j'ai prévu d'étudier. J'étudierai plus tard. Et si ça me met à la bourre je mets un tigre dans le moteur et à la fin de la journée...j'ai eu le temps.

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    1. J'essaye de ne pas me le dire même si parfois j'ai vraiment l'impression que 24h c'est trop court. Mais je suis d'accord avec toi, c'est anxiogène et écrasant, donc si j'ai l'impression de ne pas avoir le temps, je me dis juste "bon ok j'ai tout ça à faire" et je le fais. (par contre, ce n'est pas toujours mensonger, et on ne passe pas toujours 5-6h sur l'ordinateur).
      Ha, je fais l'inverse : si j'ai trop de choses à faire je vois si ce n'est pas possible autrement parce que je trouve ça vraiment stressant de faire autre chose de pas obligatoire alors qu'on a trouzemille trucs à faire en parallèle. Du coup ça me met un boost pour faire les trucs que j'ai à faire : "je finis ça et après je peux *insérer ici une activité cool*".

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