mercredi 21 octobre 2015

L'appel du voyage

Mon enfant, ma soeur,

Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.


Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

[...]



Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, "L'Invitation au voyage".

Et puis à par ça.
Je me met à lire des auteurs étrangers, plus étranger que l'Angleterre qui est, je n'en démordrais jamais, l'endroit où j'aurais dû naître. Des polonais, des russes, des slaves. Des gens qui viennent de pays que je n'arrive pas à imaginer, que je ne sais pas situer. Des gens qui écrivent froid et gris, des gens qui écrivent avec de la musique dans les mots, de la musique lente, un peu lugubre, un si beau chant à la vie.
J'ai toujours, dès que je l'ai découverte, eu une fascination pour la littérature russe, qui était si semblable à la française que j'aimais tant mais qui sonnait tellement, tellement plus profond, plus grave. C'était déroutant et familier, et magnifique par dessus-tout.

Mais jusqu'ici j'ai eu peur du voyage. Je suis allée à beaucoup d'endroits, dans beaucoup de pays (la Suisse l'Italie l'Allemagne la Hollande la Belgique le Luxembourg l'Angleterre l'Irlande le pays de Galle Guernesey Jersey le Canada) mais je n'arrivais jamais à être à l'aise, j'avais le mal du pays à un point dérangeant. Sauf à Guernesey et en Angleterre où tout mon corps criait "maison".

Et puis il y a cette ouverture.
Andrzej Stasiuk. Qui parle. Qui raconte si bien le voyage. La peur des frontières. Ce que ça a de rassurant, de vivre dans un monde clos et petit. Ce que ça a de terrifiant, l'infini autour.
Je disais toujours "je ne voyagerais pas".
Et puis il y a cette soif en moi, qui monte. Je veux vivre et connaître. Je veux m'ouvrir aux gens, à toutes ces cultures qui ne sont pas la mienne, qui sont si différentes et fascinantes, qui me semblent étranges, étrangères, mais que je veux connaître. Je veux apprendre des langues dont je casserai la musique avant d'arriver à m'en imprégner et à la reproduire.
Je lève la tête et je regarde mes montagnes qui m'encerclent si parfaitement et j'imagine.
Les routes du monde sont infinies et je veux les parcourir.

Turner.

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