Cette situation me rend malade.
J'ai essayé d'augmenter ma tolérance et de comprendre au maximum les agissements des gens qui m'hérissaient le poil, même si ça allait complètement à l'encontre de mon système de valeur et que souvent c'était blessant, et au final c'est très bien, ça me permet de mieux profiter des personnes qui m'entourent en cessant de bloquer sur des détails, et de moins faire l'huître.
Même à la maison j'ai fais des efforts, même avec mon père qui me rend dingue et qui refuse de comprendre que quand je dis qu'il est blessant il l'est vraiment (mais la plupart du temps ça va, on s'entend bien, on fait des blagues nulles et on essaye d'avoir des discussions constructives entre têtes de mule humanistes), même avec ma petite sœur explosive avec laquelle je n'ai presque pas de point commun, j'arrondissais les angles, je demandais à mes parents de la laisser un peu tranquille, je la défendais même face à ma grande sœur.
Et puis non. Et puis rien. Et puis je m'en fous de tes efforts et je te descend, par petites piques, et puis d'un grand coup, je t'assassine verbalement en rejetant toutes tes tentatives de défenses.
Et moi je restais là, abasourdie sur mon banc, à l'écouter me raconter que tout le monde s'en foutait de mon opinion, que c'était toujours la même chose, que je ressortais ce que je lisais sur internet histoire de ramener ma science, que ça servait à rien, que c'était chiant, que je ferais mieux de me taire.
Je crois que quand elle a eu le culot de ponctuer par un "mais c'est pas méchant hein" j'ai vrillé dans ma tête et c'est là que j'ai décidé d'aller m'enfermer dans ma chambre. J'aurai pu être méchante, lui asséner que quand on n'a pas d'autre opinion que celle que la télévision nous fourre dans le crâne ni d'autre science que celle de la télé-réalité on peut juste se taire, j'aurais pu lui faire mal vraiment et massacrer encore un peu son estime d'elle-même. Mais j'ai rien dit parce que les larmes sortaient toutes seules de mes yeux.
Et cette situation me rend malade parce que si seulement c'était un épisode isolé. Mais c'est quotidien. Le jugement, le mépris. J'ai laissé toutes les enflures du collège derrière moi mais dès que je reviens chez mes parents c'est la même chose. Du putain de harcèlement moral, sauf que c'est pas un obscur crétin mais ma petite sœur.
Je n'ai plus envie de la voir, je n'ai plus envie de lui parler, je n'ai plus envie, je n'en peux plus. Je passe mes vacances cloîtrée dans ma chambre et les repas qui sont déjà des moments pénibles le deviennent encore plus. J'envisage de rentrer à Grenoble pour ne plus la voir et c'est nul parce que je passe peu de temps avec mes parents et que j'aurais eu envie de rester encore un peu en vacances pour me reposer, faire une partie d'échec avec mon papa, profiter d'être tranquille, de ne pas avoir d'autres responsabilités que de me détendre, d'écrire et de travailler, sauf que je n'arrive plus à supporter ça, c'était la tirade de trop, elle a ses problèmes et j'ai les miens, j'en ai assez de tendre ma main et de me prendre des coups de poing en retour (ceci est une image).
Je n'arrive même pas à trouver une solution, à discuter de ça avec elle. J'en ai marre. Juste marre. Je sens qu'un jour je finirais pas ne plus vouloir la voir du tout, ni lui parler, ni rien, juste couper les ponts tant qu'elle ne comprend pas à quel point elle nous fait du mal.
Le pire c'est que je l'aime quand même.