mercredi 21 décembre 2016

D'être fasciné.e (ou échouer à être)

Cette nuit j'ai fais un cauchemar bizarre et je voudrais ne pas te parler de ça mais te parler d'un truc qui me touche en tant qu'humain d'internet.
Les gens me fascinent.
Mais pas souvent les gens que je rencontre dans le vrai d'abord.
Je suis fascinée par le contact écrit. Quand je lis l'humain je suis fortement attirée, mais pas toujours. Il faut des conditions particulières, il faut des gens que je ne pourrais jamais être mais qui sont ce que j'aurais été si je n'avais pas toujours choisi la voie la plus facile - s'il n'y avait pas eu cette immense fatigue l'angoisse la dépression toute cette lourdeur.
Des êtres multiples perçus comme des reflets de moi.
Je lis souvent les blogs que je découvre d'une traite, quand j'en aime l'auteur.
J'ai cliqué sur "blog suivant", j'ai découvert lui, qui s'appelle comme le premier personnage que j'ai crée de mes doigts d'écrivaine - c'était Yann et il chassait des monstres pour avoir de l'argent et délivrer sa princesse ou je sais pas quoi et puis au dernier moment il décidait qu'il préférait encore chasser des monstres que de rentrer dans le rang (mais j'ai un peu grandis depuis et beaucoup vieilli, c'était il y a douze ans)(mais j'écris toujours sur des monstres, même si ça se voit moins) - et donc il écrit des choses qui me donnent envie de le connaître et qui en même temps me font mal.
Je suis fascinée par les gens.
Parce que parfois les gens me font me rappeler à quel point la vie est grandiose, à quel point il y a des humains magnifiques, mais aussi à quel point je ne suis pas de ceux-là.
Je ne parle jamais à ces gens d'internet ils me font peur parce que je voudrais un contact très fort et que ça n'arrive bien souvent pas, c'est décevant internet pour ça le déséquilibre qu'il y a dans la relation.

Il y a des personnes que j'ai rencontré sur internet, mais c'était pas si violent la fascination de départ.
Sauf pour Remucer.
Maintenant Remucer c'est quelqu'un dans ma vie réelle avec qui j'arrive à être tout de moi y compris les parties qui sont pas glorieuses. Mais je me paye toujours un énorme sentiment d'infériorité, surtout quand il vient jouer sur mon terrain et que je me rends compte que vraiment lui m'est inaccessible mais que je ne le suis pas pour lui.
Mais va c'est pas grave on survit à ça.

C'est drôle d'être.
Je sais pas toi mais je me suis pensée unique jusqu'à mes dix-sept ans. Après j'ai compris que je ne l'étais pas, j'ai compris qu'il y avait des fous bien plus fous que moi, que tout ce que j'étais d'autres l'avaient été mieux, que ma combinaison de je suis une enfant adulte littéraire scientifique et j'aime Virginia Woolf et Harry Potter et j'ai les cheveux rouges et violets parce que j'aime montrer à quel point c'est bizarre dans moi, tout ça, c'était rien de spécial, j'étais juste une enfant de seize ans je m'aimais et me haïssais.
Maintenant j'ai les cheveux bruns courts et j'aime être invisible.
J'écris mes choses dans le creux de moi.
Je vis sans être la plus brillante.

J'ai toujours l'impression d'être la fascinée.
Celle qui a son petit blog avec sa micro-communauté de lecteurs et qui n'attirera jamais les foules ou la fascination au point où les autres me fascinent.
Je voulais être un génie je ne suis qu'un minuscule humain.
Alors je m'enivre des autres.
Je ne suis pas eux.
Je les prends en secret et je les mélanges à moi. J'en fais des histoires où tout le monde me dépasse parce qu'ils sont tous plus entiers, plus eux, que moi.



Comment tu fais pour arriver à être quand rien n'est vraiment dans ton monde.
Les 3/4 des endroits où je vis sont une fiction ancrée dans une réalité. J'ai l'impression que l'univers n'est pas réel si je ne l'ai pas incorporé dans mes fictions.

Pourquoi tu crois que mon champs de recherche - si on m'avait laissé le choix - ça aurait été la littérature du quotidien.
Le temps dans la fiction.
Pourquoi j'ai été fascinée par Figures III  de Gérard Genette (de la narratologie surtout). Parce que le réel et la fiction ça ne fait que s'interpénétrer normalement.
Mais quand dans ta tête tout est fiction, et donc tout est réel, alors les gens que tu rencontre dans internet, les mondes que tu découvres en lisant, tout ça c'est la même chose, alors ça devient complètement fascinant.

Ce qui me fait encore une fois réfléchir à ce rapport qu'il y a entre le blog et l'identité. Souvent quand on lit mon blog on me connait mieux que juste "dans la vie". Enfin c'était le cas quand j'étais au lycée. Maintenant c'est à peu près équivalent, suivant qui vous êtes.
Du coup le blog ça devient autre chose pour moi et je sais pas trop comment le gérer, j'ai presque plus trop besoin de compenser à outrance mon sentiment d'être invisible et de ne pas avoir le droit de parler (enfin, un peu quand même) et j'ai mon très grand perfectionnisme qui remonte à la surface et qui me dit que je dois me composer une image, avoir une identité virtuelle claire et définie, une ligne éditoriale ou autre. Qu'il faudrait peut-être que j'arrête d'écrire des articles que je trouve bof et me mettre à produire de la qualité, plutôt que...Que ce que je fais là.
Alors c'est compliqué, tu vois.

Je voulais te parler de ma fascination pour les gens de l'internet qui sont tous mieux que moi, toujours.
Qui ont toujours l'air de mieux réussir à être eux, qui parfois ont l'air de mieux réussir à être moi.
Je vais retourner à mon labeur de correction du roman.
Parce qu'écrire c'est un peu tout ce que je sais faire - être - tout ça.
Non cette phrase n'a pas d'autre sens que visuel.
C'est pas grave.


lundi 19 décembre 2016

Aller au bout du livre - oui - certes

Salut les lecteurices,
je t'avoue que je suis un peu perdue dans ma tête mais oh come on tu as l'habitude avec moi. Si, hein, je sais.
Novembre m'est passé dessus comme un troupeau de buffles parce que les cours parce que le NaNo - j'ai souffert mais telle Edith Piaf je ne regrette rien - mais je n'avais pas compté décembre, après. Ou plutôt j'avais compté sur décembre et puis bim bam boum du travail à n'en plus finir.
Pour te donner une idée, je me suis mangée six partiels sur ma dernière semaine de cours. En comptant toute la fatigue accumulée et le stress et l'impression d'être la personne la plus nulle que la terre ait jamais portée, bref, c'était pas le mieux. Surtout que j'ai eu un oral de latin à faire #l'angoisse.
Mais je crois que ce qui a rendu ça très difficile c'était que je n'avais plus de soupape de décompression. Pas d'écriture pas d'art pas de temps. Même plus trop de sommeil.
ça fait bientôt trois ans que je suis en train d'écrire quelque chose - je crois que ce qui te fait tenir jusqu'au bout d'un roman c'est à quel point tu as besoin de l'écrire (ça et les facteurs alentours faut pas qu'ils soient trop contre toi) - et j'ai terminé ce quelque chose en novembre (il me reste les corrections, mais c'est terminé terminé la structure est bonne).
Ce "quelque chose".
Stanley. L'histoire de Stanley le monstre que si tu me connais je t'en ai parlé peut-être si tu me connais pas je t'en ai pas parlé c'est sûr.
Donc j'ai fais ça, j'ai écris un roman, et ça m'a pris presque trois ans, mais pas tout à fait en fait, si tu veux je t'explique "ma" méthode de travail de petit écrivain bancal.

Un jour j'aurais une machine à écrire je ferais plein de schlak schlak schlak avec son clavier et j'écrirais à cinq heures du matin je serais un vrai poète maudit


Warning : ne faites pas ça chez vous.

De l'été de ma terminale à mai de la fin de ma L1, j'ai écris le "premier jet" de mon roman.
ça faisait 207 pages word donc la moitié environ écris pendant le Nano.
A la base, mon histoire était construite comme une nouvelle d'une trentaine de pages, mais j'ai, euh, débordé.
Du coup c'était plein d'incohérence c'était mon premier roman j'étais encore ultra jeune je savais pas trop comment je voulais faire les choses j'avais pas encore assez vu lu réfléchi c'était vraiment mon premier roman.
Avant ça le plus long que j'avais écris c'était trente pages.
Le plus long texte que j'avais terminé il faisait six pages.
Bref. 207 pages de gros bazar avec du bon un peu dedans mais surtout du bazar.

A partir de ça, j'ai construit un scénario de treize chapitres - parce que Zola est mon seul vrai maître,- en me recentrant à 100% sur mon cher Stanley (oui j'aime beaucoup les histoires-personnages où il ne se passe rien) mais en fait en faisant des tas de monologues intérieurs parce que c'est le mieux (et que depuis le temps où Zola c'était mon seul vrai maître j'ai beaucoup lu de Virginia Woolf).
A partir de ce scénario de treize chapitre, j'ai commencé à écrire à nouveau le premier septembre. Je n'ai pas jeté un œil à la première version du manuscrit (je l'ai simplement relu une fois pour voir qu'est-ce que ça devait devenir et c'était ardu), j'ai tout réécrit en gardant en tête ce que j'avais construit de Stanley la première fois.
J'ai eu beaucoup plus de mal à avancer parce que j'avais beaucoup moins d'énergie positive à mettre dans la bataille.
Alors j'ai fais le Nano parce que je voulais m'obliger à me dévouer à ce livre.
J'ai mis le reste entre parenthèse et j'ai vu le livre couler sous mes doigts, c'était tellement facile.
Je refaisais des plans tout le temps par contre.
Je suis devenue maniaque du plan. Mais ça reste un peu flou jusqu'à ce que j'arrive au moment et puis quand j'arrive au moment je refais un plan. Et encore un plan. Et encore un.
En tout j'en ai fais six grands généraux.
Puis plein de tout petit arcs gribouillés un peu partout.
Mais je ne sais pas commencer avec une ligne tracée parce que j'ai besoin que le cadre reste souple, je n'ai pas encore élucidé tout le mystère avant d'arriver au moment où je vais écrire le passage.

Du coup si je te résume les étapes d'écriture :
- Un an de premier jet tout bazar
- Un an et quelques mois o ù j'ai condensé le bazar et où j'ai tout réécris comme si c'était un tout nouveau roman.

Et maintenant je me sens tout vide.
J'ai pas envie de me mettre à la correction. Parce qu'il va falloir dire au revoir à Stanley, un peu - et je sais pas trop comment faire je t'avoue. C'est mon premier roman et j'ai mis beaucoup trop de moi partout, et puis j'ai massacré allègrement tout le monde parce qu'il fallait de la souffrance de l'hyperbole tout ça tout ça (hé on est des Romantiques frustrés d'être nés trop tard ou bien).
Puis je sais pas quoi faire. Après.
Genre tout ce que j'ai à faire soit ça y ressemble trop soit c'est des choses qui vont demander beaucoup de réflexion parce que construire des mondes fantastiques ça se fait pas comme ça (et puis c'est difficile pour moi la narration mais j'arrive pas encore à bien casser les codes narratifs du roman fantasy) soit c'est des choses je sens qu'il faut que je grandisse un peu encore.
C'est difficile de grandir.

Comment tu survis au livre terminé ?
Je me sens comme un écrivain en papier mâché.

dimanche 11 décembre 2016

Tant qu'on est dans ce qui chante - playlist de la plus belle émotion musicale

L'autre jour, je t'ai parlé des langues, parce que c'est un peu ce qui me fascine et qui me touche le plus, maintenant je voudrais te parler du deuxième amour de ma vie qui est un poil plus paradoxal.
Je suis hypersensible au bruit. Si tu fais des bruits fort à côté de moi genre ranger de la vaisselle ou taper une cuillère contre un récipient je vais sursauter jusqu'à ce que tu arrêtes le bruit (idem si tu tires une chaise en la raclant contre le sol), bref, tous les bruits me font bondir s'ils sont brusques (et le premier concert auquel je suis allée c'était l'enfer j'avais MAL tellement c'était fort comment vous faites les gens).
Et pour le bruit quotidien, le bruit dans les couloirs de la fac, dans la rue, dans les magasins, dans le tram, c'est.
Comme si une immense spirale de bruit tourbillonnait autour de moi et me tapait sur les sensations en mode "bruit bruit bruit bruit bruit bruit bruit bruit". Je n'ai pas de notion de "bruit de fond", c'est un bruit total ou ça ne l'est pas. Et ça vient m'écraser petit à petit (je fatigue très vite), c'est encore pire si c'est un espace fermé (BRUIT BRUIT BRUIT). Les seuls bruits apaisant sont les micro-bruits de forêt ou d'arbre en général. Je me sens bien au milieu des arbres.
Du coup depuis que je vis en ville (parce que dans mon jeune temps je vivais dans la campagne et tout était ultra-silencieux et j'étais une fumeuse alors je prenais mes pauses dehors c'était parfait) j'ai développé une forme de difficulté à écouter de la musique.
Puisque la musique souvent c'est des voix humaines sur du bruit.
Alors c'est vite épuisant.
Pourtant j'adore ça.
Alors je vais partager avec toi les morceaux de musiques qui trouvent encore grâce à mes oreilles quand ça va pas mais que j'ai envie de musique.


Le lac des cygnes de Tchaïkovsky. Meilleur doudou musical (mais pas forcément ce morceau là mais quand même un peu).


Les quatre saisons de Vivaldi. Surtout l'hiver, je sais pas trop pourquoi.



L'hymne à la joie de Beethoven surtout cette version uniquement cette version d'ailleurs. C'est vraiment le morceau qui m'émeut à chaque fois à un moment le silence et les voix qui reprennent et qui tombent en cascade c'est vraiment au-delà de ce qu'on devrait pouvoir faire en terme de beauté.
(y'a aussi la cinquième et la neuvième symphonie de Beethoven en vrai Beethoven c'est un peu le préféré de moi).


Don't say a word de Sonata Artica. Je dois l'avoir écouté bien 500 fois. Mais je n'arrive pas à m'en lasser.


Parce que c'est la chanson qui est plein de belles voix qui se recoupent entre elles et c'est magique un peu. Et puis il y a des passer avec juste de la musique légère en fond derrière et la voix qui parle et je sais pas c'est beau. Et jetez un peu un oeil aux paroles :

The nightingale is still locked in the cage
The deep breath I took still poison my lunges
An old oak sheltering me from the blue
Sun bathing on its dead frozen leaves

ça, c'est que le premier couplet mais déjà il est tout. Tout. Magique.


Ou la musique qui m'a sauvé la vie. 
Et pour que tu juges un peu le texte :

One more night
To bear this nightmare
What more do I have to say

Crying for me was never worth a tear
My lonely soul is only filled with fear

Long hours of loneliness
Between me and the see

Losing emotion
Finding devotion
Should I dress in white and search the sea
As I always wished to be
One with the waves
Ocean soul

Walking the tideline
I hear your name
Is angels wispering
Something so beautiful it hurts

I only wished
To become something beautiful
Through my music, through my silent devotion

Au calme, Tuomas.

Et une petite dernière pour la route (ça va encore être du Nightwish mais du Pink Floyd en même temps) :


C'est mon morceau préféré des Pink Floyd (le seul que j'arrive encore à écouter en étant capable de respirer). Et c'est repris par mon groupe préféré. Et je suis un peu tombée amoureuse de Marco devant cette vidéo.

J'espère que ça t'a plus même si probablement que tu connaissais déjà tout - c'est une liste pas du tout exaustive mais c'est le top 7 de moi pour le moment (mais pas dans l'ordre, avec un classement qui part de la musique classique pour aller vers Nightwish).
Un jour je te ferais ma playlist préférée pour écrire si tu veux (feat Nightwish encore).
Paillettes sur toi.
Si tu peux me dire le morceau qui t'as touché jusqu'au coeur de ton coeur comme dirait Hamlet ça me ferait plaisir.

vendredi 9 décembre 2016

Auto-diagnostique VS diagnostique professionnel

Il y a un couac, que dis-je un couac, un énorme fracas dissonant.
Si ton diagnostique est le tien, si ce n'est pas un médecin qui l'a posé sur toi, alors ce n'est pas un vrai diagnostique.

Problème : on ne m'a jamais diagnostiqué mes TCA.
Il est ridicule de ne jamais m'avoir diagnostiqué mes TCA. C'est aussi évident que le nez au milieu de la figure (même si maintenant, ça va un peu mieux) que j'ai des TCA mais ooooh non tu fais pas 37 kilos tu peux pas avoir des TCA.
Et ça c'est pour le diagnostique le plus évident.

Après, tu as toute la partie "crises de dépressions récurrentes depuis des années, crises d'angoisses, incapable de comprendre les règles du monde, TOC, dysphorie de genre, terreur à l'idée de me retrouver dans des situations inconnues non planifiées, impossibilité de supporter le bruit, insomnies, scarifications, comportements autodestructeurs, somatisation", etc, qui est résumée à...à...bah, rien.
Tout ça, tout cet ensemble de choses, ce ne sont pas des symptômes, ça ne veut rien dire, c'est soit constitutif de ma personnalité, soit ça découle du fait que la mère de mon père est morte (hé ho tout les psys que j'ai vu dans ma vie il n'y a pas que ça dans mon existence).
Y'a une psy qui m'a posé le diagnostique de bipolarité.
Bah non.
Parce que mes dépressions ont une logique, que je n'ai pas de périodes maniaques, simplement des période de mieux / de surexcitation qui sont toujours liées à des événements et qui n'ont pas les mêmes caractéristiques que les phases maniaques dont j'ai pu lire les descriptions (même dans les traités médicaux)(oui ça se trouve sur internet en pdf les cours pour les étudiants en psychiatrie), et que bref je ne présente pas les caractéristiques de la bipolarité sauf si tu forces un peu sur moi pour me faire rentrer dans le truc.

Donc, le seul diagnostique dans lequel je me reconnais, c'est celui de l'autisme asperger.
Parce que (je vais te mettre les symptômes du syndrome et je vais te mettre en gras ceux que j'ai) :

-Entretient peu de relations amicales
-préfère l'isolement
-déficit de la reconnaissance des émotions
-contact visuel fuyant
-pas de compréhension des codes sociaux
-mutisme plus ou moins sélectif
-difficulté à comprendre l'humour noir ou l'ironie
-intérêt profond et intense pour un domaine
-besoin de classer une partie du monde pour diminuer le stress
-Forte résistance aux changements
-suit des routines inflexibles
-usage du langage qui ne s'adapte pas au contexte social (je sais pas en fait)
-intonations inhabituelles (non plus)
-interprétation trop littérale des choses (idem)
-écholalies
-tendance à parler en donnant beaucoup de détails inutiles et en s'éloignant du sujet
-hyperlexie
-pensée qui s'organise selon un système visuel
-maladresse
-stéréotypies
-hypersensibilité au bruit, à la lumière, au contact, à certaines textures
-tendance à développer un imaginaire abondant
-manque d'imagination
-difficulté à apporter du soutien émotionnel approprié
-difficulté à exprimer ses émotions

Et y'en a d'autres encore, mais j'ai essayé d'être exhaustif tout en te noyant pas sous les trucs. Bon sur l'autisme, j'y reviendrais peut-être si ça vous intéresse, j'ai énormément lu sur le sujet, des articles universitaires, des blogs, des livres, tout ça, et en partant de toutes ces lectures, en voyant que je correspondais, j'ai décidé que j'allais me dire ça. Que j'étais autiste asperger, jusqu'à ce qu'on me prouve le contraire, parce que c'est ce qui m'explique les difficultés que j'ai au quotidien, ce qui permet de m'expliquer à ma famille (je l'ai dis à ma mère qui a très bien réagit et qui maintenant est plus attentive à moi), et ce qui m'aide à être bienveillant avec moi-même parce que grâce au diagnostique je comprends que ce n'est plus ma faute et que oui j'ai le droit de laisser tomber les attitudes normales qui sont fatigantes même avec les gens, que je peux me boucher les oreilles dans le tram ou en classe si c'est trop dur le bruit, que je peux dire non et me reposer parce que sinon je termine en meltdown et c'est nul, bref, ça m'aide. Beaucoup.

Boum une jolie photo


Sauf que c'est un autodiag.
Donc ça ne vaut rien aux yeux du monde.

Maintenant je vais parler de en général.
Il y a les auto-diagnostiques mal documentés pour lesquels on s'invente un peu des symptômes pour coller dedans parce qu'on a tellement besoin d'une étiquette, d'une explication à pourquoi on souffre qu'on prendrai n'importe quoi. Même bipolaire (haha).
Et puis tu as les auto-diagnostiques où on a lu sur le sujet, où on a listé les symptômes qu'on avait depuis toujours (ou pas parce que les maladies ça peut se déclarer après ta naissance), où on a comparé, où on a été prudent...
Ceux-là me semblent tout aussi légitime que ceux posés par un médecin. Voire parfois plus.
Parce que excusez-moi mais y'a des troubles auxquels personne ne connaît rien, des choses à propos desquels seuls les spécialistes sont formés et voir un spécialiste parfois ça prend des années, c'est cher, c'est difficile.
L'autisme quand tu en parles aux gens on te dit "mais non t'es pas autiste tu me regardes dans les yeux / tu parles / tu es juste un peu bizarre". Quand tu parles de dépression, ce qui est quand même connu, y'a des médecins qui te sortent que tu es juste un peu fatigué. Qui face à l'hyperphagie disent qu'il faut juste un peu de volonté et arrêter de manger autant. Qui n'ont en fait qu'une vague connaissance de ce que c'est réellement, les troubles psychiques (au sens très large de psychique).
Donc j'ai l'impression que bon, parfois même les professionnels sont pas légitimes pour te poser un diagnostique.

Sans compter que ça exclu totalement ceux qui n'ont pas les moyens d'aller voir un psychiatre, de payer le déplacement jusqu'au CRA de la région (parce que ça peut être super loin), qui ont la phobie des psys, des médecins, de tout ça...Comment tu fais alors quand tu as un trouble, que tu sais que tu l'as parce que tu te connais depuis toujours et depuis l'intérieur de toi, mais que tu peux pas demander d'aménagement dont tu aurais éventuellement besoin, tu peux pas le dire pour qu'on te comprenne mieux et que ce soit moins dur parce que tu as pas le papier officiel ? Qu'en plus tu peux arriver chez un professionnel, lui dire que tu as fait des recherches sur tel trouble et que ça semble te correspondre et qu'il te sort "ha mais faut pas croire tout ce que tu lis sur internet ma p'tite", alors que si tu t'es déjà auto-diagnostiqué, il devrait être possible de voir ensemble le diagnostique et d'explorer cette base plutôt que de partir de rien.

Bon à me lire là on dirait que je suis à 100% contre le diagnostique professionnel, alors que pas du tout, je suis juste contre la décrédibilisation systématique des auto-diagnostiques qui sont utiles.

Perso j'ai peur d'aller chercher un diagnostique professionnel officiel pour mon autisme. Parce que je sais qu'on le sous-diagnostique chez les filles, encore plus à l'âge adulte, que j'ai mis en place énormément de stratégies d'adaptations qui me rendent invisible et passe-partout, que ça se voit pas, justement, et que même avec mes troubles les plus évidents on me diagnostique pas alors avec ça qui est en filigrane de tout moi mais qui se voit pas si tu es pas dans ma tête, j'ai l'impression qu'on me dirait que non je mens. Alors que je sais que je ne mens pas. Et aussi, c'est le seul moyen pour qu'un jour éventuellement le quotidien devienne moins difficile. Avoir cette reconnaissance.
ça peut faire peur, aussi, de perdre le seul espoir d'explication et d'apaisement.

mercredi 7 décembre 2016

Toutes ces langues qui parlent dans ma tête

Tu sais ou tu sais pas mais cette année j'ai commencé à faire du polonais. Et c'est entièrement la faute de madame APC et de mon voyage en Pologne.
Et de Jadąc do Babadag d'Andrzej Stasiuk.
Et de la langue polonaise.


Je te laisse en écouter un bout c'est beau le polonais c'est beau je m'en remets pas.

Parce qu'il y a le r qui roule et tout le chuintement le rz cz sz et écrit ça a l'air tellement fou comme langue totalement imprononçable un langage codé.

Et y'a ce petit mécanisme de quand tu commences à apprendre une langue où tu ne comprends rien et tu répètes par cœur les sons qui veulent dire mais tu sais pas lire ces rz qui sont des j ces cz qui sont des tch ces c qui sont des ts tu sais encore rien dire mais dans ton cerveau ça parle en boucle en polonais, tu sais pas encore faire des phrases, tu as pas encore percé le cœur du mystère de la langue mais dans ta tête ça parle déjà.

L'allemand ça faisait ça et puis c'est devenu tout verrouillé dans ma tête. J'ai oublié l'allemand je sais plus rien dire je saurais plus jamais. Et même je ne veux plus. C'est fini. C'est devenu une torture de savoir.

L'espagnol c'était autre chose. L'espagnol tout le monde dit "c'est beau", "c'est chantant", et moi je pense "non c'est que des a o a i a o" ça chante pas plus que l'allemand ça chante moins que l'allemand moins que l'anglais moins que le français je suis pour le retour du r roulé bourguignon en français d'ailleurs tant qu'on y est, j'ai pas aimé l'espagnol, c'est une langue du soleil une langue qui crie, mais ça avait le mérite d'être facile sauf pour les exceptions y'a que ça dans cette foutue langue.
L'espagnol quand j'apprends une langue et que je connais pas un mot c'est toujours en espagnol que je parlerais instinctivement, si je me rappelle pas qu'il ne faut pas. L'espagnol je le comprends mais je savais pas que je le comprenais encore et en fait si c'est une langue qui s'est gravée à mon insu et Neruda Neruda Neruda.
Neruda à l'infini.

Il y a l'anglais en filigrane de moi l'anglais qui prend toute la place qui est ma deuxième langue dans beaucoup plus de sens que deuxième langue. L'anglais dont j'aurais voulu faire ma langue natale mais qui se délabre. Je ne parle plus anglais, je comprends, je lis, j'écoute, mais je n'écris plus, je ne parle plus. J'ai volontairement pris un accent français par-dessus mon accent snob et maintenant je ne sais plus m'en défaire alors je ne parle plus. Censuré par moi. Mais ça va revenir parce que ça doit revenir et renaître parce que. Parce que.
Tu veux un truc drôle, tous les dialogues de mes livres sont des traductions depuis l'anglais. Tellement le français c'est pas la langue de l'expression dans ma tête.
Though  l'anglais non plus. J'ai pas de langue où je m'exprime.

Il y en a deux dernières dont il faut parler. Il y a le latin, parce que le latin je lutte contre depuis, depuis, sept, huit ans, il fallait faire du latin parce que c'est ce que font les intellos, n'est-ce pas, alors j'ai fais du latin je fais du latin et c'est seulement maintenant que le latin je l'aime, à force de Virgile et de Didon, de traductions maladroites parce que c'est l'essence de la traduction, la grammaire dure commence à vivre et je prends ce goût de l'effort, cette pensée romaine, cette langue qui serre le sens, qui le condense le plus possible, et que le français rend si mal parce que le français c'est la langue longue qui demande des mots en quantités pour exprimer les choses.
Un exemple.
vice versa.
Alors oui c'est passé tel quel au français mais, si tu veux traduire vice versa, ça donne : la position ayant été retournée.
Ce qui fait que je comprends Racine, qui a passé sa vie sur des versions latines, et qui essayait de rendre le sens exact, la concision, qui rêvait d'une langue plus pure parce que, si le latin est quelque chose, c'est deux chose : grave et pur.

Et la dernière (jestem poliglotką, je te l'avais pas dit, j'ai plein de langues dans mon cerveau), qui est évidente, la langue natale, le français.
Le français qui me lie avec cette France que j'ai du mal à supporter, le français dont je voudrais me défaire, que je voudrais refaire, le français que j'essaye de rendre musique, le français que je n'ai pas appris, qui est une grammaire anarchique dans mon cerveau, dans lequel je vois des double-fonds en forme de français médiéval et de latin et tout ce qu'on a gagné et ce qu'on a perdu. Français qui me rend française à contre-coeur.

Je voudrais tout comprendre tout parler parler à tous dans toutes les langues.
Je rêve d'une langue universelle qui engloberait toutes les langues, toute la beauté des langues. Une langue qui ne soit pas une entrave.

Et toi tu les vis comment les langues dans ta tête ?
Tu en as plein ou pas assez ?
Comment tu vis en sachant que des gens ne pourront jamais te comprendre ?

vendredi 2 décembre 2016

Et donc, le NaNoWriMo 2016

Salut à toi lecteurice !
Ouais, j'ai changé le design. Et je n'en suis toujours pas satisfaite. Parce que je ne serais jamais satisfaite de quoi que ce soit de toute façon, j'ai l'impression (mon cerveau qui est bien trop perfectionniste pour ça) alors so be it.
Du coup rentrons dans le vif du sujet : le Nano.
J'ai tenu un journal tous les jours (sauf quatre jours (ou trois, j'en sais rien en fait) où j'étais en mode "non la vie non" du coup j'ai pas écris parce que ça allait beaucoup trop mal) avec le compte de mots, mon état d'esprit, si ça avait été facile ou pas et où j'en étais de ce que j'écrivais.
Donc je vais te remettre le journal de tous les jours puis je reviendrais sur qu'est-ce que j'ai foutu en vrai dans ce Nano, ce que je retiens et qui était cool et ce qui était pas cool.
[Je vous ai rajouté à côté du jour l'objectif qu'il fallait atteindre dans la journée parce que même moi souvent je savais pas vraiment].
[Comme cet article est super long tu peux aller à après le journal directement si tu veux].

J'ai décidé de t'illustrer cet article avec des photos prisent pendant la rando que j'ai faite juste le lendemain du Nano.

Journal du Nano

Jour 1 : 1 666

J'ai écrit 3336 mots, sans faire de remplissage, et là je vais faire le travail pour les cours. Je suis arrivée à un paragraphe de la fin du chapitre 7, et si chacun de mes chapitres fait environ huit pages, j'aurais du mal à arriver au bout du livre avant de finir le Nano.
J'ai écris en sprint ce matin, et puis plus lentement, mais je crois que si je fractionne bien mes périodes d'écriture ça devrait aller.

Jour 2 : 3 333

Le pallier des 5000 mots a été atteint. Je suis toujours dans les temps pour finir en avance (d'après le site j'atteindrais les 50k le 20 novembre mais pour le moment ça ne veut pas dire grand-chose). J'ai écris 1845 mots, ce qui m'amène à un total de 5181 mots - en seulement deux jours mais quelle est cette folie. Je vais voir pour participer à des write-ins à Grenoble. J'en suis au début-milieu du chapitre 8, toujours pas trop de remplissage même si c'était un peu plus dur qu'hier parce que pleins de personnages s'introduisaient et que c'était chaud. Aussi, j'ai investis dans la version complète de Write or Die et c'est plutôt pas mal comme logiciel (et je veux un peu me marier avec je crois)

Jour 3 : 5 000

J'en suis à 6105 mots. Le jeudi n'est vraiment pas "la" journée pour écrire (et surtout pas aujourd'hui). Mais demain j'ai pas mal de temps et un cours dans lequel je peux me dispenser de prendre des notes (oui j'ai un peu honte de moi).
Du coup au final je n'ai écris que 924 mots aujourd'hui, c'est franchement peu. Mais j'ai écris une scène imprévue très intéressante. J'en suis toujours quelque part dans le chapitre 8, comme ce chapitre c'est un gros bordel de voix intérieures je vais les laisser toutes émerger, c'est un peu ce avec quoi je suis le plus à l'aise donc je m'amuse bien.

Jour 4 : 6 666

J'ai écris environ 2000 mots ce matin pendant les deux heures de cours. J'ai bouclé le chapitre 8, et le soir j'ai attaqué le chapitre 9. J'en suis à 10 000 mots, j'ai donc officiellement fait 20% du Nano (et j'ai donc écris presque 4000 mots dans la journée - 3897 pour être exact). Par contre les devoirs c'est pas franchement ça mais j'ai du mal à lâcher l'écriture pour faire d'autres choses ennuyeuses (version latine c'est de toi que je parle).

Jour 5 : 8 333

C'est le jour 5 ! Je suis allée à mon premier write-in, on était 4, c'était assez cool de parler d'écriture avec d'autres gens. J'en suis donc à 12 396 mots. Et j'ai écris 2394 mots avec les gens (j'allais tellement viiiite j'écrivais environ deux fois plus que tout le monde à chaque sprint). J'ai donc environ 4000 mots d'avance. J'ai bien progressé dans le chapitre 9, je devrais le terminer demain ou lundi (j'ai beaucoup de travail à abattre avant (foutue version)).

Jour 6 : 10 000

Je crois que j'ai écris 500 mots en versant toutes les larmes de mon corps. Au moins ça a apporté de la profondeur au personnage d'Adriana.

Jour 7 : 11 666

1241 mots d'écrits. Je n'arrive pas à rentrer dans ce foutu chapitre 7 [enfin 9, du coup, n'est-ce pas moi] et j'ai trop de travail - ça m'apprendra à avoir privilégié le repos pendant les vacances. Mais quand même, 14 108 mots.

Jour 8 : 13 333

350 mots écris. J'ai passé 4h sur une dissertation et une heure et demi à apprendre le polonais, donc je n'ai rien pu écrire, et là je suis épuisé. Demain je vais au write-in et (mais pas en approches Caatistes puisque non) donc ça devrait me redonner un coup de fouet. J'en suis à 14 458 mots - toujours dans les temps, à ce rythme je termine le 28 octobre, 1807 mots de moyenne/jour, etc...
Je suis ultra crevé.

Jour 9 : 15 000

Write-in de 16h à 20h aujourd'hui (il fallait bien se changer les idées avec toutes les mauvaises nouvelles qui sont tombées). J'ai rencontré une fille qui passe l'agreg (elle est géniale) et j'ai écris 3464 mots. Le chapitre 9 est décoincé. La fin arrive rapidement, c'est fou. J'en sis à 17 922 mots, je vais voir si je peux arriver à la moitié (les 25k, donc) dimanche. Je suis toujours en avance et j'aime beaucoup ce que je suis en train d'écrire, donc c'est plutôt cool.




Jour 10 : 16 666

616 mots d'écrits. J'étais parti pour avoir au moins la moyenne du jour; et puis des trucs sont arrivés, et voilà. J'ai quand même terminé le chapitre 10, et avancé le chapitre 11. La fin du livre approche de plus en plus ça fait tout étrange. On verra ce que ça va donner l'écriture pendant le long week-end.

Jour 11 : 18 333

C'est les trois derniers chapitres, ceux qui me font des trous dans le cœur et que je ne peux pas écrire si je n'ai pas le Fou [dans le journal je lui donne son vrai prénom mais bon anonymat toussa toussa] à côté de moi. J'écris avec mes angoisses, avec l'impensable-qui-ne-doit-jamais-arriver alors c'est dur.
1763 mots d'écrits aujourd'hui. Le démarrage a été assez difficile, mais j'ai lancé le chapitre, ça y est. Je ne sais plus vraiment où il atterrit, cette partie fait mal à écrire.
20 301 mots au total. On verra ce que ça donne demain. Il va être plus difficile que prévu de prendre de l'avance.

Jour 12 : 20 000

2290 mots dans la journée. Je bosse sur un devoir d'écriture créative, c'est du fantastique, ça m'aère la tête et en même temps c'est plus difficile parce que je n'ai pas l'habitue de ce monde / style / whatever c'est autre chose que Stanley et ça fait tellement longtemps que je n'ai pas écris autre chose que Stanley. Et en plus ça va être noté ha ha ha. 22 591 mots en tout.

Jour 13 : 21 666

Rien. Enfin si, les 282 mots que j'ai écris hier après minuit. Mais l'exposé m'a pris toute mon énergie et mon temps. Rien pu écrire. ça ira mieux demain. J'ai un commentaire à préparer pour un oral mais j'aurais un peu plus de temps pour écrire.

Jour 14 : 23 333

200 mots et quelques, encore. Je n'ai le temps de rien d'autre que de bosser. Je suis donc officiellement en retard sur le nombre de mots à faire, et c'est pas comme si ça allait pouvoir s'arranger dans les prochains jours.

Jour 15 : 25 000

878 mots écrits. 23 691 en tout. J'ai pris un jour de retard, environ. Mais ça devrait aller mieux demain, peut-être. Il y a encore beaucoup de travail et je suis épuisé. Mais j'en ai fini avec cet écrit d'invention.

Jour 16 : 26 666

J'ai écris un peu plus de 2000 mots et j'ai atteint les 25000. Chapitre 12 a commencé. Il me reste celui-là, le 13, l'épilogue et ça y est, c'est terminé.
J'ai toujours un peu de retard, mais je vais aller à des write-in ce week-end (normalement), ça devrait me faire avancer plus vite.

Jour 17 : 28 333

Retard rattrapé ! 28 340 mots en tout, 2462 mots d'écrits aujourd'hui, malgré les cours et la fatigue.
J'ai bientôt terminé le roman, je ne sais pas trop où ça m'amène mais on verra bien. On verra après, surtout. La seule chose importante pour le moment c'est de dormir.

Jour 18 : 30 000

1936 mots aujourd'hui. ça a été plus facile que prévu. J'en suis donc à 30 276 mots, ça fait très bizarre de voir qu'en 18 petits jours j'ai écris autant ! Il m'en reste moins de 20 000 à écrire et j'aurais dépassé les 50k, ça fait tout étrange. Je viens de terminer le chapitre 12, ce qui me laisse le 13 à écrire, puis l'épilogue et puis c'est fini. Je ne sais pas encore ce que je vais faire à la fin du roman, peut-être reprendre un vieux truc et le développer, on verra bien. En tout cas, je suis content de voir comment les choses avance. Et puis c'est un peu le soulagement après la semaine ultra stressante / horrible. Même s'il reste encore la masse de travail avant d'arriver au bout de novembre. Puis de décembre. Courage moi.

Jour 19 : 31 666

Write-in à deux aujourd'hui, c'était bien, j'ai bien avancé. Adriana est morte, j'ai dû aller au bout de ça, c'était un peu difficile. Mais 3373 mots d'écrits dans la journée. J'ai repris mon avance. Enfin, de l'avance un peu. C'est mieux que rien. C'était dur la mort d'Adriana j'ai beaucoup pleuré j'aurais voulu serrer l'un des deux dans mes bras mais bon, personne. 33 649 en tout. Plus que 16 351 ça fait si étrange. Demain j'ai finis le livre. J'aime bien l'idée de finir le livre. Même si je sais pas trop ce que je fais après. Peut-être Laurine et Clémentine. ça pourrait être drôle. 
Dis journal du Nano ça se voit que ça va pas fort dans ma tête ?



Jour 23 : 38 333

Ok, j'ai pas écris là pendant...longtemps. (4 jours en vrai). J'ai continué le Nano par contre. J'ai écris 4028 mots mots aujourd'hui, j'ai dépassé les 4000 mots, j'ai écris la fin du roman, j'ai attaqué un autre petit truc un peu drôle, je terminerai les 8 394 mots qu'il me reste avec ça. Je vais essayer de finir le Nano ce week-end histoire d'en être débarassé et d'attaquer ma semaine tranquillement.

Jour 24 : 40 000

J'ai écris 1544 mots aujourd'hui. Je ne pensais absolument pas en écrire autant. Il me reste 6 850 mots à écrire et j'ai terminé le Nano. ça fait tout étrange.
La nouvelle histoire que j'écris m'amuse. C'est n'importe quoi et ça ne sortira jamais de mon disque dur [jamais c'est pas la peine de me supplier], mais ça me détend et j'éprouve un vrai plaisir à l'écrire.

Jour 25 : 41 666

5172 mots d'écrits aujourd'hui. C'est plus que ce que je pensais pouvoir faire. Il est minuit et je ne vais pas aller me coucher avant d'avoir terminé. J'en suis à 48 322, il ne me reste donc plus que 1678 mots à écrire. J'aime bien l'histoire dans laquelle je suis elle est drôle et légère et c'est facile à écrire.

Jour 26 : 43 333

CA Y EST  ! Il est 1h39 du matin, je suis claqué, j'ai écris 1768 mots, et j'ai joyeusement dépassé la barre des 50 000 mots.
Revanche sur la vie : on est le 26 novembre ce qui était mon objectif lors du premier Nano que j'ai fais et que je n'avais pas réussi à atteindre, j'ai réussi à avoir des 17 et des 18 pendant cette période, j'ai terminé le livre, j'ai aimé écrire tout ce que j'ai écris, donc là en gros je me sens un peu comme le maître de l'univers.
Et comme d'hab quand ça m'arrive c'est l'heure de dormir et y'a personne pour célébrer ça avec moi en sautant sur mon lit.

*****



Je te mets pas le journal des jours d'après parce que c'est bof très intéressant et en plus je n'ai pas eu le temps de l'écrire (ça donnerait genre "oh tant de mots allez bisous je retourne bosser sur le polonais / le latin / la rhétorique / le motherfucking exposé de devenir enseignant")(vivement les vacances) et qu'en plus j'avais déjà été au bout de mon Nano pour moi les mots en plus c'était juste pour avoir la gloire du badge "a updaté son wordcount tous les jours" (oui j'aime beaucoup les badges).

J'avais trois (quatre) objectifs pour le Nano :

- Finir le roman.
Et c'est fait, bravo moi.

-Ne pas faire de remplissage.
C'est bon aussi, y'a aucun passage qui est écrit en sachant qu'il était moche et inutile et wtf mais qu'il fallait rajouter du mot. Tout fait sens. Bon une fois le livre terminé j'ai fais un peu des trucs randoms mais c'était rigolo et ça comptait pas.

-Finir le Nano en avance.
Ouais ouais je l'avais mis en facultatif mais si tu me connais un peu tu te doutais que mon but c'était de terminé en avance et d'avoir de la Gloare - parce que c'est ça le but des vrais écrivains, n'est-ce pas. Et du coup comme tu as pu le voir j'ai fais ça, j'ai terminé le 26 officiellement et c'est la revanche sur ma vie - oui - parce que c'était mon objectif pour le premier Nano et que j'avais tout fail. Là j'ai pas tout fail, j'ai tout réussi. Bravo moi.

-Concilier le Nano et les cours.
Ce qui voulait dire pour mon cerveau torturé "avoir 18 de moyenne et écrire 3000 mots par jour allez bisous" (non, pas 3000 mots en vrai). Du coup j'ai réussi à rendre tous les trucs scolaires à peu près dans les temps, et j'ai eu très exactement 17 18 13 13,75 (en version latine niveau agrégation je suis désolée mais il fallait que je souligne ça) donc ça va. Par contre ça a été difficile et je ne ferais probablement pas le Nano l'an prochain pour pouvoir me concentrer sur mon master - si je suis prise en master (il faut que je contacte des responsables de master j'ai pas envie de faire ça et j'ai peur qu'on me dise que je suis trop nulle et et et peur.), mais je suis contente d'avoir plutôt bien réussi à concilier les cours et l'écriture (ça me prouve que c'est possible). Mais j'ai dû négliger pas mal d'aspects de ma vie genre le sport et le blog et ça m'a rendu un peu triste.

Donc. Il faut finir cet article bien trop long. Mais j'ai encore des trucs à dire, c'est dommage pour toi lecteurice (courage, la fin arrive).
Avec ce Nano j'ai capté que je pouvais parfaitement consacrer 20 minutes à l'écriture tous les jours et qu'une fois que j'avais tout réglé l'histoire, que j'avais marché avec les personnages suffisamment longtemps, j'allais vraiment vite pour écrire. Dans le genre. 900 mots en 20 minutes en moyenne (bon au début, après plus le temps passe et moins je vais vite parce que je deviens fatigué).

J'ai aussi découvert qu'écrire avec une communauté d'écrivains c'était cool - honnêtement, sans les write-in je n'aurais pas terminé le Nano aussi rapidement - du coup je pense que je vais peut-être un peu moins faire l'asocial (enfin, dans la limite des stocks de cuillères disponibles) et essayer de réunir des gens autour de l'écriture (y'a juste les 3/4 de ma promo qui écrit je pense mais à part ça ça devrait pas être trop difficile).

Et last but not least, j'ai découvert que noter ce que je faisais en écriture dans un carnet tous les soirs ça m'aidait à me sentir fier de moi mais aussi à pratiquer plus régulièrement, et du coup je pense peut-être continuer à tenir un journal d'art qui regrouperait mes progrès en écriture mais aussi dans les autres domaines (photo, aquarelle, etc).

Brefouille.
J'espère que tu as survécu jusqu'au bout de cet article, lecteurice, en attendant que je revienne avec des choses (je vais passer 6h dans le train demain je devrais avoir le temps d'écrire deux trois trucs), paillettes sur toi.


mardi 1 novembre 2016

NaNoWriMo 2016 : les objectifs

Salut à toi lecteurice.
Comme tu t'en doutes, cette année, je me relance dans le Nano, après avoir beaucoup hésité et avoir affirmé haut et fort que "non plus jamais le Nano c'est nul" (le premier Nano, j'ai pas bien vécu l'après). Donc c'est reparti pour les 50 000 mots à écrire en novembre, 1667 par jour, on connaît la chanson.
Je pars donc dans ce Nano en tant que Nanorebel puisque je continue un roman déjà commencé (et que si je le termine avant d'avoir atteint l'objectif des 50k j'écrirais des petites nouvelles vite fait), et cette fois ci avec vingt-cinq millions de plans (tu verrais la tête de mes découpages de chapitre). Et déjà un roman terminé dans les pattes.
Et j'ai décidé de me mettre des objectifs autre que "atteindre les 50k" dans ce Nano parce que c'était pas assez difficile pour que l'expérience me sois un peu plus profitable que la dernière fois.

Objectif 1 : Pas de remplissage.
Le remplissage, c'est quand tu écris quinze kilos de texte qui sert à rien juste histoire de dire que ça y est tu as écrit tes 1667 mots tu peux aller te coucher à 1h du matin. Comme j'essaye au plus possible de ramasser mon écriture et d'être dense, le remplissage c'était un peu ma crainte en me lançant dans le Nano. Mais au final ce matin je me suis fait une wordwar en solo et même en écrivant 1211 mots en trente minutes il n'y a pas de phrases écrites juste pour être là. Je crois que le fait d'être en train d'écrire ce roman depuis assez longtemps fait que j'en maîtrise plutôt bien le style (ce qui me permet d'écrire vite et bien).

Objectif 2 : finir le roman.
Oui bah oui. Mon dernier Nano m'avait laissé à la moitié du livre que j'étais en train d'écrire, là en commençant à la moitié, j'espère réussir à arriver au bout le 30 novembre maximum.

Objectif 3 : arriver à concilier le Nano et les cours.
Pour ça je crois que je vais mettre de côté le blog pendant Novembre et que je le reprendrais en décembre, après le Nano.

Et puis l'objectif facultatif mais qui ferait plaisir quand même : arriver à finir le Nano avant le 30 novembre.

Si toi aussi tu participes au Nano 2016, tu peux retrouver ma page ici (--> http://nanowrimo.org/participants/bettasplendens) et devenir mon buddy d'écriture. Sinon tu peux juste checker comment je galère (ou pas) à tenir les objectifs.

See you soon, lecteurice du blog. Paillettes sur toi en attendant.

lundi 24 octobre 2016

Je ne suis pas un monstre

Je viens de voir passer les dessins d'un gars sur mon Twitter. Pendant Inktober, il a représenté les maladies mentales sous la forme de monstres.

Et, non.
On regarde déjà les bipolaires, les dépressifs, les autistes, les schizophrènes, tout ça, comme des monstres. On a pas besoin de plus de clichés, de préjugés, de plus de représentations de nous en tant que monstres bizarres inhumains.
Nous ne sommes pas des monstres.
Nous ne sommes pas des maladies qu'on représente.

Y'a déjà tellement de stigmatisations, de clichés autour de tout ça. Est-ce qu'on a vraiment besoin d'en rajouter une couche ?

Quel effet ça a de voir que pour un artiste toi et ta maladie vous êtes des monstres ?
Je sais pas.
Moi ça m'a fait mal au ventre.
Pour la petite anecdote, c'est dur de s'approprier un diagnostique de maladie. Parce qu'on te le pose sur ce qui a été toi jusque là et que ça t'écrase un peu et qu'il faut faire la vie à nouveau avec ces mots sur toi.
Quand on m'a dit que j'étais bipolaire c'était difficile. Je sais pas à quel point ça l'aurait été plus si on m'avait dit "tu es bipolaire" et qu'on m'avait montré un monstre à deux tête dégoulinant comme nouvelle représentation de moi, de cette identité que je portais désormais en moi.
Il s'avère en fait que je ne suis probablement pas bipolaire (un jour je reviendrais sur les diagnostiques pro VS auto-diagnostiques) mais autiste (youpi une nouvelle étiquette).
C'est un diagnostique qui a été très libérateur. C'est un mot que j'aime avoir près de moi parce qu'il m'aide à m'expliquer à moi-même et qu'il fait décroître ma culpabilité.
Je n'ai pas envie de voir ça comme un monstre qui me ruine et qui arrache tout.
Pourtant ça arrive.

A quel moment tu te dis que c'est bien de représenter toute une maladie et les humains derrières de cette façon ? Punaise.


Si je devais représenter certains troubles que j'ai je leur ferais des visages atroces. Des griffes qui se plantent pour la dépression et une bouche qui hurle sans fin. Mais c'est moi. C'est mon trouble. Je la représente comme ça parce que je la connais de l'intérieur.
ça me viendrait pas à l'idée de représenter le trouble de la personnalité borderline d'un autre humain que je connais. C'est le sien. Même si je sais ce que c'est de manière théorique.
Et d'ailleurs je pense vraiment qu'on a pas besoin de plus de représentation de l'horreur que c'est. En tout cas pas avec des visuels comme ça.

Mais c'est urgent qu'on associe troubles mentaux et humains derrière.
Y'a Anne Betton qui a fait ça merveilleusement bien en prenant en photo des personnes bipolaires, dépressives, etc...de manière totalement normale. Comme on aurait pris en photo n'importe qui. Personne qui hurle, qui tape sa tête contre les murs...Parce que nous ne sommes pas que ça.
Il y a ça.
Je me tape la tête contre les murs.
Je pleure.
Je crie.
Je me griffe.
Il y a le noir et l'horreur dans la maladie mentale, oui.
Mais c'est intime.
Si tu me suis avec un appareil photo tous les jours tu ne me verras pas faire ça. Voire tu me verras mener une vie vraiment très normale et tu seras déçu.
Et pourtant. C'est ça aussi la maladie. Le quotidien, le banal, l'humain.
Regarde ça avant de me dessiner en monstre.

vendredi 21 octobre 2016

Nanotera, nanotera pas...

Novembre approche à grands pas. Ok, ça on est d'accord, les feuilles sont rouges et dorées et je suis en train de kiffer la vibe, comme disent les jeunes, mais une Grande Question se pose. Suspens suspens.
(Un jour je m'achèterai un beau style d'écriture promis mais je suis tellement, tellement, tellement fatiguée).

Retour en "arrière". En mai 2015 j'ai terminé le premier jet de mon premier roman. Depuis le 1er septembre 2015, je le réécris de A à Z, avec un énorme remaniement de la structure (parce que c'est bien connu que je suis ultra maniaque des structures (en fait non, mais maintenant je te le dis : tu peux avoir la meilleur histoire les meilleurs personnages le meilleur style, bosse la structure sa mère la châtaigne sinon c'est fou-tu)), la moitié des personnages en moins, une absence très notable de dialogues (je les pourfends tel Stephen King, ce fameux pourfendeurs d'adverbes), un bien meilleur style, bref, tout est mieux, j'ai vieilli.
Mais donc ça fait plus d'un an que je suis sur ma réécriture. Et donc trois ans que je suis sur ce livre. Et il m'en restera encore après ce second jet. C'est long, c'est difficile, et j'ai beau aimer ce livre, bah, y'en a d'autres sur lesquels j'aimerai me pencher, parce qu'en trois ans j'ai pas mal grandit, évolué, et que des livres continuent à taper au carreau dans ma tête en mode "hé mais t'avais dit que t'allais t'occuper de nous bientôt", bref.
J'étais vachement jeune quand j'ai commencé à écrire La Fille-couleur (finalement c'est ce titre choisi au pifomètre qui va finir par rester, j'arrive pas à décider d'un autre). J'avais 17 ans punaise, j'avais même pas encore passé mon bac (c'était avant, c'était pendant que je tentais de réviser mon bac d'anglais mais évidemment j'ai pas fait ça).

Donc Novembre approchant, j'ai réfléchis. Beaucoup.
Et j'ai envie d'aller me frotter au Nanowrimo une seconde fois.
Pourtant je m'étais dit non, non, non, plus jamais, c'était beaucoup trop, j'avais plus de vie, rien, horrible, ha.

Donc j'ai fais une liste de pour et de contre.

POUR

- ça me permettrait de terminer le deuxième jet d'ici novembre
- c'était quand même drôle comme challenge
- la gloare
- J'aime bien souffrir
- Peut-être que ça peut me permettre de réintégrer l'écriture intensément dans ma vie
- ça sera probablement pas aussi nul que la première fois

CONTRE

- Je suis trop avancée dans le livre pour pouvoir réellement aller au bout des 50 000 mots, et c'est un peu nul de savoir d'avance que ça va pas marcher du coup
- C'est super épuisant
- J'ai quand même un peu du boulot à côté (un peu)
- ça va mettre tous les autres trucs (le blog, la lecture, le Youtube, l'aquarelle...)
- Si c'est pour refaire des choses nulles comme la première fois non merci ça en vaut pas la peine
- Si je veux le faire en me mettant pas la pression, je vais pas respecter les règles et écrire jusqu'à ce que j'ai terminé mon roman puis faire compter tout ce que j'ai écris auparavant dans le Nano. Mais du coup est-ce que la torture ça en vaut la peine ?
- Et si en fait ça me dégoûte d'écrire ?

Comme tu le vois, c'est un dilemme (en fait non).
Je sais pas trop.
La moitié des arguments pour se base sur ma capacité à me lancer dans des trucs durs et intenses qui vont être un peu la souffrance juste pour me sentir vivante et badass, et l'autre moitié c'est "je finirais mon livre plus vite".
J'ai peur de me lancer dedans et de m'épuiser absolument. Du coup j'essaye de me dire que je vais le faire en respectant mes cuillères mais je sais très bien que je sais pas faire ça.

Donc c'est compliqué dans ma tête.

Nanotera, nanotera pas ?
La suite au prochain épisode.

lundi 17 octobre 2016

Je ne sais pas écrire hors de moi

Aujourd'hui je te partage un poème parce que j'ai pas trop de cuillères pour les articles compliqués et que je me bats contre Juvénal et ses Satires qui sont impossibles à traduire - vraiment impossibles.

Si je savais écrire.
J'écrirais sur tout.
Je parlerai de la formation des romans. Parce qu'ils ont formé ma vie. Et j'aime ce lien de miroir.
Je veux fondre en larmes.

J'ai défendu mon côté atypique tout en restant dans une confortable écriture de moi
Et je
Continuerai.
Je n'écris qu'en boucle, qu'en boucle autour de moi - Et les cercles de plombs se fracassent en silence.
Et dans mon malheur je n'ai pas l'apanage de l'originalité - J'existe et j'ai mal
Elle l'a dit avant moi, mon cas n'est pas unique.

Mélanger les voix.
Je suis imprégnée de Simone de Beauvoir, de Violette Leduc, et de Virginia Woolf.
Je suis une romantique quoi que j'en dise et je cris mon mal du siècle et je suis las viejas poetas qui sont seuls à souffrir, seuls au monde, pour qui le boulanger n'existe pas. Pourtant le paradoxe, je suis toutes ces existences, je les aime toutes, je voudrais toutes les dires et toutes leur donner la parole à travers moi.
Je n'écrirais jamais l'abstraction.
Je ne suis pas l'abstraction.
J'existe violemment, dos à dos contre tout le monde parce que l'existence des autres interdit la mienne.
Et je sors mon poème ou mon couteau.

Je suis un poème qui marche et qui s'écrit au fil des pages.
Je suis le cœur de mon mystère.
La rencontre des autres m'a soignée et je voudrais tout rendre, tout résoudre par mon existence.
Mais ça ne guérit personne quand je parle.
Je fais couler mon poison
Pour le sortir
Ça ne fait de bien à personne
Je me sens seule
Tout en sachant que je ne suis pas unique
Et si je n'ai pas cette identité
J'existe comment ?

Marginale marginale
Pas assez marginale

Je veux danser sous la pluie
Enfin être
Libre
Et sauvage
Et pas
Junto a la vida
Mais ancrée
Les pieds dans cette non-abstraction
Et devenir arbre
Semblable à tous
Et nécessaire.

mardi 11 octobre 2016

Un féminisme où les hommes seraient des alliés ?

Récemment, j'ai eu un débat en live avec un homme que je connais.
C'était fatiguant.
Et ça s'est poursuivi sur facebook parce que j'ai pas été capable de fermer ma bouche en lisant "féminisme débilisant".

Ce qui était le plus décevant dans tout ça c'était le côté "mais si je suis pour l'égalité homme/femme je suis un féministe mais juste le mouvement devrait pas se construire comme ça / y'a plus important / nous aussi on est opprimé / mais non vous confondez tout.".

Je me suis rarement battue avec des femmes au sujet du féminisme. J'ai rarement lu des débats où la personne qui utilise toutes les ruses rhétoriques pour gagner la partie (détournement des arguments, réponds à côté, occulte une partie du raisonnement) est une femme.
J'ai toujours dû tenter de légitimer ce terme aux yeux des hommes.
Toujours dû rassurer "mais non je sais bien que tous les hommes ne sont pas comme ça."
Être gentille.
Pas trop agressive.
Pédagogue.



Je sais pas si vous le savez mais faire dans la pédagogie quand on vous heurte (oui me sortir en face qu'on est mieux placé que moi pour parler de comment on ressent une agression sexuelle c'est violent, sorry not sorry personne qui se reconnaîtra dans ce message s'il le lit)(boum je règle mes comptes via le blog, que suis-je devenue) c'est épuisant. Réexpliquer sans cesse les mêmes bases à des personnes qui ne cherchent même pas à s'informer c'est épuisant.
Les gens, je ne suis pas votre maman, internet existe, les livres existent, youtube existe, des contenus pédagogiques il y en a partout, à la porté d'à peu près tous les niveaux de déconstruction.

Aussi, le féminisme n'a pas besoin d'être à propos de vous. Le féminisme, c'est une reprise de parole de la part des femmes, pour les femmes. Et pas contre les hommes, mais contre une oppression systémique basée sur le critère de genre.
Alors oui, bien sûr il y a aussi des oppressions faites aux hommes, à cause du même système, et souvent vous vous plaignez qu'on n'en parle pas.
Mais j'aimerais savoir combien dans tous ceux qui l'ont utilisé comme un argument en avaient subi.
Combien, dans tous les gars qui m'ont sortis "oui mais les hommes aussi se font violer par les femmes", l'on été. Combien des mecs qui se sont plaints à moi que le père n'a jamais la garde des enfants / de congé parental pour s'occuper de ses enfants on réellement des enfants. Combien de ceux qui ont évoqué les violences conjugales envers les hommes en ont souffert.
Les souffrances qui ne sont pas les votre ne peuvent pas être un instrument dont vous vous servez quand ça vous arrange.
C'est exactement la même chose que quand on répond à un végétarien qu'en attendant y'en a qui crèvent de faim en Afrique (l'Afrique, ce magnifique pays dans lequel on va piocher des exemples de misère quand ça nous arrange *soupir d'ironie blasée*). Vous ne pouvez pas défendre des causes quand ça vous arrange. Et surtout, instrumentaliser une souffrance pour attaquer une cause qui se bat contre des oppressions systémiques, c'est dangereux.
Si des choses bougent du côté de la représentation des genres - et donc du côté des oppressions masculines aussi, ça n'a pas l'air d'être clair dans vos têtes -, ce ne sera pas grâce à vous. Mais aux autres. A ceux qui ne perdent pas leur temps en cassant de la/du féministe et en essayant de lui expliquer comment devrait être son mouvement et sur quoi il devrait se concentrer.

Pour moi un féminisme où les hommes sont les alliés c'est un féminisme où ils ne cherchent pas sans cesse à attirer la parole à eux.
Un homme avec un vécu de victime qui est lié au sexisme ou au patriarcat a toute sa place dans un espace de parole féministe, et j'irais même jusqu'à dire qu'il est nécessaire au féminisme.
Un homme qui se sert du vécu de victimes pour décrédibiliser un mouvement devrait juste...se taire. En fait.



Oui voilà.
Si vous voulez être des alliés, respectez la parole des femmes.
(Et si vous êtes vraiment respectueux, personne vous volera dans les plumes en vous disant que vous ne l'êtes pas)(promis)(en général les gens ne sont pas paranos vous êtes juste aveugles à leur ressenti).


dimanche 9 octobre 2016

Ces choses que je ne sais pas [Journée mondiale du handicap]

Je ne sais pas ce que ça fait d'avoir le droit à des regards de travers quand je demande à passer aux caisses prioritaires mais que je n'ai pas l'air handicapée.

Je ne sais pas ce que ça fait de lutter tous les jours avec mon corps.

Je ne sais pas ce que ça fait de devoir rester debout dans les transports en commun parce que personne n'a voulu me laisser sa place "parce que je n'ai pas l'air malade".

Je ne sais pas ce que ça fait de devoir porter les conséquences de ma maladie en solo.

Je ne sais pas ce que ça fait d'avoir le regard des autres qui changent sur moi dès qu'ils apprennent.

Je ne sais pas ce que ça fait d'avoir moins de chance de trouver un travail juste parce que je suis malade.

Je ne sais pas ce que ça fait de naître malade.

Je ne sais pas ce que ça fait de le devenir et de s'entendre dire qu'il n'y a pas de remède.

Je ne sais pas ce que ça fait d'entendre "bonne année et surtout bonne santé, parce que si on n'a pas la santé on n'a rien", et de ne pas avoir la santé.

Je ne sais pas ce que ça fait d'être en fauteuil et de ne pas pouvoir aller partout.

Je ne sais pas ce que ça fait de devoir m'appuyer sur les autres pour des choses simples.

Je ne sais pas ce que ça fait d'être constamment fatiguée.

Je ne sais pas ce que ça fait de devoir prendre des traitements lourds.

Je ne sais pas ce que ça fait d'être prise pour une menteuse et une flemmarde quand je ne peux pas venir en cours à cause des douleurs.

Je ne sais pas ce que ça fait, les douleurs constantes.

Je ne sais pas ce que ça fait de devoir prouver mon handicap, comme si j'étais une grugeuse de pension d'invalidité.

Je ne sais pas ce que ça fait, d'être déclarée handicapée.

Je ne sais rien de ça. Et de beaucoup d'autres choses encore. Je saurais peut-être un jour. Pas tout de suite. Mais je sais ce que ça fait de s'inquiéter pour quelqu'un et de serrer les poings de rage quand tu vois comment son entourage traite sa maladie (déni), quand tu vois qu'il n'y a rien à faire, et quand tu vois qu'elle s'oblige à tenir debout toute seule parce que c'est ce qu'on lui a inculqué. Je sais ce que ça fait d'aimer quelqu'un et de ne rien pouvoir changer à sa souffrance.
Alors j'aimerais profiter de la visibilité que j'ai un peu ici pour passer le message qu'une de mes amies a posté sur son mur facebook :
Rappelez-vous qu'un handicap n'est pas toujours visible. Mais que c'est toujours difficile.

Souvent, on ne peut pas agir pour la recherche, pour trouver un traitement, pour tout ça. Mais on peut agir. En enlevant le poids de nos regards de valides.