dimanche 3 janvier 2016

Mais comprendre

Intellectuel en latin ça vient d'intellego, as, are : comprendre. C'est aussi la racine étymologique d'intelligence, intelligible, et autres trucs de la même famille.

Intellegare, comprendre.

Je voulais écrire cet article après les attentats du Bataclan. Pendant que tout le monde nous disait qu'avoir peur c'était céder, qu'il fallait aller en terrasse et continuer à vivre. Mais j'avais pas encore l'envie de l'écrire, parce que j'avais pas envie de fouiller dans ça, j'avais rien de vraiment aussi intéressant que tout ce qui sortait alors il fallait attendre que ça se calme ; que moi-même je me calme puisque je ne vivais pas au-dessus de ça comme un pur corps rationnel.

Intellegare, comprendre.

J'ai pas l'impression que continuer à vivre c'était la bonne réaction. En fait ça semblait violemment injuste, de continuer à vivre alors que d'autres s'étaient arrêté de vivre. Et que même. Qu'à un moment il fallait arrêter d'être dans l'émotionnel et de dire qu'on ne cédait pas à la peur et qu'on continuait à sortir et au final être content quand on nous annonçait que les auteurs des attentats avaient été tué.
C'est triste la mort des terroristes.
Aussi triste que la mort de tous ceux qu'ils ont tués.
Parce que c'était des êtres vivants.

Tu sais y'a pas longtemps un vieil ami à moi a tué son ex petite copine et c'est un acte atroce. Et sous les articles du Dauphiné qui parlaient de ça, les gens disaient "pour des cas comme ça on devrait rétablir la peine de mort", et, non. Le cas comme ça c'était quelqu'un. Tu ne savais pas sa vie, tu n'étais pas dans sa tête, tu ne savais rien. Et moi non plus.


Il faut pas continuer à vivre il faut comprendre. Chercher les mécanismes du monde qui font que ça, là, c'est comme ça, que y'a de la haine, du conflit, de l'exclusion, que y'a des gens dans un bout du monde qui sont capables de tout parce qu'ils n'ont rien à perdre.
Je suis pas le bon exemple je trouve que se tenir trop au courant de tout c'est anxiogène parfois. Mais à l'échelle humaine tu peux essayer de travailler sur ton propre cerveau, et discuter avec les gens autour, t'informer, arriver à démêler le vrai du faux et pas vivre dans la passivité. Même si tu es d'accord avec un discours lis-le avec un œil critique. Cherche à connaître la pensée de ceux qui penses à l'encontre de toi même si souvent ça te donne envie de jeter l'ordinateur à l'autre bout de la pièce. Il faut essayer de comprendre les mécanismes du monde. Parce qu'au final si tout le monde cherche à comprendre et à questionner et à remettre en question les choses peut-être que ça commencera à bouger dans le bon sens.

6 commentaires:

  1. J'aime que tu aies réussi à dire ce que j'ai pas réussi à dire.
    <3

    RépondreSupprimer
  2. Je t'aime et comme Remucer parce que tu le dis mieux que moi.
    (Bon la différence c'est que même en essayant de comprendre je pense qu'il ne faut pas avoir peur, parce que c'est trop leur donner raison, que du coup ne pas avoir peur c'est presque un acte de résistance, et s'empêcher de vivre ne ressuscite malheureusement personne. Je le pensais dès janvier avec Charlie Hebdo, et mon avis là dessus ne s'est que renforcé quand je suis partie rencontrer des chrétiens à Jérusalem alors que tout le monde voulait m'empêcher d'y aller en disant qu'il faut avoir peur. Je veux y retourner et à nouveau, je devrais avoir peur et ne pas le faire. Je choisis de ne pas avoir peur parce que...ça ne fais juste aucun bien.)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh ^^'
      (Sauf que la peur tu peux pas vraiment agir dessus, ça vient d'un coup et puis ça se calme un peu. Mais je suis d'accord que rester paralysé par la terreur n'est pas utile. Sauf que j'ai pas l'impression que le vrai acte de résistance réside dans le fait de "continuer à faire la fête et à aller à des concerts". Et il y a une différence entre avoir peur mais continuer à agir comme si on avait pas peur et avoir peur et s'interdire d'agir. Parce qu'au final parfois c'est dur de pas avoir peur et qu'on peut pas toujours contrôler ce qu'on ressent.)

      Supprimer
    2. (C'est vrai. Mais une fois le coup émotionnel passé, tu peux essayer de prendre du recul par rapport à ta peur, de raisonner. Effectivement, en soi continuer à faire la fête et à aller à des concerts ça n'est pas un acte de résistance en soi. Mais ça reste une résistance à l'échelle personnelle en un sens, quand tu t'autorises à faire ce que tout le monde veut t'interdire, par peur.
      Si je prends un exemple, avec les attentats qu'il y a eu en Tunisie, la "non-peur" est un acte de résistance : le but était que les gens aient peur d'y aller pour saper le tourisme de ce pays, alors que c'est une de ses ressources principales. Et ça a marché et je trouve ça malheureux. En l'occurrence ce qui s'est passé à Paris c'est différent vu que contrairement à ce que tout les médias véhiculent, l'attaque n'était pas dirigé directement contre le "mode de vie" fêtard parisien... Bref @_@
      Ceci dit, tu as raison. Pour stopper la peur, le mieux, c'est pas d'essayer de la tuer, mais de trouver quelque chose de plus fort qu'elle :D)

      Supprimer
    3. (Oui, mais seulement une fois le coup émotionnel passé, et pour certains ça peut remettre toute la vie en question, de se dire qu'on est mortel. Mais c'est vrai que c'est un acte de résistance de soi à soi.)

      Supprimer