mercredi 22 février 2017

La blessure la plus proche du soleil

Salut à toi lecteurice !

J'ai fais un stage dans mon ancien lycée pendant un mois et demi. J'ai vu des élèves, des cools, des avec qui j'ai échangé plus de trois mots, des que j'ai jamais regardé dans les yeux, j'ai donné le premier cours de toute ma vie (pendant deux heures, avec des secondes choupi et Rimbaud), le deuxième cours de ma vie (pendant trente minutes, sur de la méthodo de dissertation, avec des 1ères S mais ça s'est moins bien passé puisque j'étais crevé, que j'avais préparé mon cours vite fait, que je ne connaissais pas la classe très bien et que j'avais vraiment très très peur).
Mais le mieux, ça a été d'échanger avec les deux profs qui m'ont vraiment formée en tant qu'humain littéraire. J'ai vu comment ils construisaient des cours, des liens, j'ai vu comment ils étaient humainement.
C'était bien de découvrir des humains adultes avec lesquels je ne me sentais pas bizarre.
C'était aussi bien de voir que j'étais capable d'être une prof, d'enseigner, de parler assez fort (spoiler alert les profs arrêtez de crier sur vos élèves pour qu'ils parlent fort c'est pas naturel de parler fort).

Le soir je rentrais avec le monsieur et on discutait. On parlait de gens, de livres et de musique (souvent il parlait de chapeau, de chaussures et de bagues - il aime bien s'habiller joliment et il avait l'air tout à fait enfantin quand il me disait "j'ai commandé une nouvelle bague, regarde").
Et je me souvenais de la morsure. Du désir douloureux d'apprendre, d'avaler la connaissance encore et encore et encore.

Alors je fais ça.
Il s'avère que j'ai du temps, ces derniers temps, pour ça. Alors j'apprends. Je travaille. Je lis. Tout le temps. Intello.

Je n'arrive plus à arrêter, j'ai l'impression que chaque seconde que je passe hors de ça est perdue.
Et en même temps quel enrichissement, toutes ces lectures, ces connaissances. J'ai enfin l'impression d'être à ma place. Pas dans le monde. Dans un monde de mots.

Mais je ne pourrais jamais tout savoir expérimenter connaître. Il me reste tant de choses à découvrir. Je n'ai pas encore exploré la philosophie, et l'histoire, et la sociologie, et les mathématiques, et la physique, et la chimie, et la psychologie, et j'effleure à peine la littérature. Je n'aurais pas le temps. Parce qu'il faut sortir de l'endroit qu'on se forge dans sa tête et vivre. Et socialiser. Et aller en cours - alors que dans les cours parfois on n'apprend rien, on fait.
Je n'aime pas faire.
J'aime absorber parce que je suis un gouffre avide.
C'est ça mon faire. Un faire en creux.

Days I enjoy

Days I enjoy are days when nothing happens, 
When I have no engagements written on my block, 
When no one comes to disturb my inward peace, 
When no one comes to take me away from myself 
And turn me into a patchwork, a jig-saw puzzle, 
A broken mirror that once gave a whole reflection, 
Being so contrived that it takes too long a time 
To get myself back to myself when they have gone. 
The years are too strickly measured, and life too short 
For me to afford such bits of myself to my friends. 
And what have I to give my friends in the last resort? 
An awkwardness, a shyness, and a scrap, 
No thing that's truly me, a bootless waste, 
A waste of myself and them, for my life is mine 
And theirs presumably theirs, and cannot touch.

Vita Sackville-West

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