mercredi 22 mars 2017

Carnets de TCA où est-ce que la guérison

Etant donné qu'il est 5h du matin et que je suis incapable de dormir quand on est trop proche de moi (j'en veux aux normes de couple qui sont en faveur du partage du lit, je dors à peu près 5h - souvent moins - à cause de ça), je vais vous parler de mes TCA (encore) et de comment ils ont évolués depuis il y a un an où à la rentrée j'avais pris la résolution de ne plus manger le midi (ni le matin ni le soir, bref, les TCA, quoi).

Hé bah c'est plutôt la guerre dans mon cerveau (pour changer).
Si tu veux je te fais l'état des lieux de comment ça se passe depuis que j'ai quitté le lycée (trois ans d'autonomie) : 
L1 : je saute beaucoup de repas, je ne me pèse plus jamais, je fais trop de sport, je me blesse, j'arrête de faire trop de sport, je recommence, je me blesse. Je rentre dans une phase restrictive violente à l'approche de l'été où je fais des crises d'angoisses à l'idée de manger un kiwi alors que j'ai marché 4h.

L2 : je continue à ne pas manger le midi et à ne presque rien avaler le matin et le soir mais ça va un peu mieux (?). Toujours pas de balance, ce qui diminue la prise de tête et l'augmente en même temps. J'ai une sorte de déclic en octobre-novembre, quand je me rends compte que passer ses partiels avec rien dans le ventre et une douleur constante dans l'estomac ben...ça fait mal. Et ça n'aide pas. Du coup réalimentation anarchique + pas de sport (je refusais d'en refaire parce que 1) plus de possibilité de courir 2) je ne sais pas vraiment gérer le sport via les vidéos de sport. Tout ce contenu de soyez heathy fit blablabla la meilleure version de vous même ça a tendance à me recoller le nez dans mes TCA de façon très violente (et dans la culpabilité de ne pas atteindre la perfection / de ne pas m'entraîner tous les jours pendant x temps, bref, je n'ai jamais trouvé tant de positif dans la communauté fitness mais chacun son truc)). Du coup je prends gentiment du poids (et je refume, aussi, pendant quelques mois, puis je re-stop brutalement, ce qui n'aide pas trop) et ça suffit à me faire disjoncter. Retour à la case départ. Eté. Phase restrictive. Ingérable parce que je suis chez mes parents. L'envie constante de me tirer une balle dans la tête mais un grand sourire de "je vais bien" (alors que non, j'ai envie de mourir très fort, je ne veux plus être dans mon corps et en plus de ça j'angoisse énormément à l'idée de retourner à la fac).

L3 : Début un peu chaotique. J'ai réintroduis le repas de midi depuis le début de l'année. Et le sport, aussi. Beaucoup au début de l'année (enfin trois séances par semaine), avec de la musculation un peu intense pour faire travailler le corps et "me muscler le dos" et puis ce qui devait arriver arriva : blessure, douleur au dos tellement vive que j'avale de l'ibuprofène par paquet de douze (moins, en fait), tendinite des bras qui se réactivent et ne disparaissent plus entre les séances, bref, faites du sport. L'ostéopathe m'engueule un peu sur le mode "tes vertèbres elles dansent le cha-cha là arrête donc de soulever des trucs et t'as l'air trrrèèès fatigué ton corps a plus besoin de repos que de travail en plus". Re-arrêt.
Depuis décembre je cohabite avec une balance, donc depuis décembre mon poids est stable et je le sais et ça n'est jamais arrivé de toute ma vie donc je ne sais pas quoi en faire, de ce poids stable (qui est trop haut selon mes critères d'anorexique rongée du neurone, trop haut selon mes critères "normaux" (si tant est que j'en ai), mais ça va l'IMC est content et ça aide à tolérer). Je me rends compte que je n'ai pas de repère dans mon corps, que je fluctue entre une perception de moi trop grosse ou trop maigre (par rapport au réel), que je n'ai aucune idée du réel, que les cinq centimètres pris depuis la fin du lycée me perdent encore plus, que les muscles cachés quelque part là-dessous (je refais du sport. Je soulève juste plus des trucs parce que j'en ai marre d'avoir mal tout le temps (enfin je veux dire que j'ai déjà mal tout le temps un peu partout et si j'en rajoute c'est trop)) accentuent encore le décalage ressenti entre moi et le chiffre. Donc je ne sais plus vraiment où j'en suis niveau corps, parfois je me sens bien, parfois je disjoncte pendant les cours et j'angoisse juste parce que mon corps existe dans l'espace...C'est très compliqué mon rapport à mon corps et je suis pas sûre de bien comprendre. D'avoir stoppé le "je mange pas. Rien. Jamais." ça a soulevé tout un tas de questions auxquelles je ne faisais pas attention parce que de toute façon mon corps je le détestais donc il fallait arrêter de manger et le punir.
Oui et non, c'est beaucoup plus compliqué que ça.

J'ai lâché prise en entier sur l'alimentation. C'est-à-dire que je mange quand j'ai faim, et ce que je veux, et même si j'ai des coups de panique parce que je ne mange pas toujours parfaitement (qui fait ça ?), ça va. Y'a des séquelles, quand même. En janvier-février j'ai fais un stage dans mon ancien lycée et deux jours par semaine il fallait donc que je mange en salle des profs, que j'apporte de la nourriture que j'avais faite moi et que je la mange devant des inconnus ou pire mes anciens profs (c'était très dur). Du coup y'a eu des journées sans manger avec trop de cigarettes et la tête qui tourne. Ce sont des choses qui arrivent. Le week-end quand le Fou n'est pas là j'ai horriblement du mal à manger (d'ailleurs je fais globalement deux repas qui sont globalement une tranche de pain et globalement tu peux voir que les moments où on me laisse gérer je démissionne). 
J'ai aussi des angoisses parce qu'à force d'avoir passé 5 ans à dire non à toutes les envies alimentaires je m'en retrouve avec plein des fortes impérieuses dures à gérer. Du coup je les laisse traîner une semaine, deux semaines, où j'ai l'impression de manger n'importe comment et beaucoup trop (alors que non, je mange même moins parce que souvent j'ai pas envie de ce que je mange et ça me coupe), juste parce que je refuse de céder à l'envie. (Anecdote drôle : une fois j'ai eu un craving sur de la salade (très exactement de la roquette mélangée à de la mâche le craving est toujours beaucoup trop précis), et j'ai paniqué comme si j'avais eu envie de manger un truc interdit. Mais vraiment paniqué parce que j'arrivais pas à vouloir autre chose que de la salade et qu'avoir envie d'un truc à ce point c'était dangereux et que céder aux envies c'est dangereux. Ou comment mes TCA m'ont empêché de manger de la salade sereinement (mais c'est ça qui m'a fait capter que les envies alimentaires intenses je pouvais les écouter c'était pas dangereux)).
Bref, j'ai encore un peu un problème de contrôle (ou plutôt ça m'embête d'avoir lâché le contrôle, d'ailleurs je n'arrive pas à arrêter de fumer intégralement alors que ça ne me posait aucune difficulté avant, donc je me dis que y'a quelque chose qui vient pour compenser un truc).

Mais pour être honnête, je crois que j'en suis arrivée au point où j'ai autre chose à faire que de pas manger. Mes études me passionnent et avec les troubles croisés (l'anxiété, l'autisme, l'insomnie souvent et de plus en plus) je ne peux juste pas vivre si je ne mange rien.

Alors j'ai dis que c'était pas très grave si y'avait un peu trop de moi à mon goût et j'ai essayé de vivre, pour voir.

9 commentaires:

  1. Bon concrètement je ne sais pas quoi te dire (le com qui aide hein!) mais je contstate qu'il y aune nette progression dans ton rapport à la bouffe. Et c'est bien :)

    Je voulais réagir sur les "normes du couple": ici on dors dans le même lit mais chacun sa couette. ca évite qu'un des deux finisse sans rien. Ensuite: il arrive qu'on dorme chacun de son coté: parce que malade, parce que insomnie, parce que couché trop tard... et on le vit très bien :)

    Des bisous Betta :)

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    1. Mais tes coms ils rendent heureux donc si ça aide =)

      Bah nous on dort chacun de notre côté...Mais s'il a le malheur de s'endormir trop proche de moi, bim, insomnie. Et je me réveille tout le temps quand quelqu'un est à côté de moi. Bref c'est pas très pratique ^^ (par contre la solution de la couette à part j'y songe de plus en plus ^^)

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  2. Y'a une grosse progression et ça c'est bien :)
    Pour l'insomnie est-ce que tu as essayé l'ASMR ? Certaines personne y sont très très réactives (je suis réactive mais pas tant que ça mais ça me détend) et ça les a aidé dans des dépressions, des insomnies, ce genre de choses, donc ça pourrait t'aider, faut juste trouver ton déclencheur :)

    J'ai aussi eu des TCA mais d'un autre genre. C'étaient des compulsions alimentaires, début lycée je crois, je sais pas trop, et je sais pas depuis combien de temps ça durait quand je m'en suis aperçue (j'ai un étrange rapport au temps et peu de souvenirs...) mais en gros dès que je m'ennuyais, que j'étais triste, etc. j'avais de grosses nécessités de manger, même si j'avais pris un repas moins d'une heure avant, et je mangeais une tablette entière de chocolat (généralement c'était du chocolat mais pouvait y'avoir d'autres trucs, fallait juste remplir avec l'objet de l'envie). Puis j'ai mis un mot dessus, parce que je me suis bien aperçue que c'était pas vraiment "normal", alors j'ai mis un mot dessus, compulsions alimentaires que ça s'appelle, et ça m'a aidé, j'en ai fait de moins en moins Mais au final, comme tu l'as mentionné, y'a eu un report sur autre chose, je ne sais plus quoi, puis encore sur autre chose (qui me bouffe beaucoup) et qui dure depuis deux ans et en même temps je veux arrêter (évidemment) mais en même temps j'ai peur que ça se reporte sur un truc pire... d'autant que je pense être assez, voir très, enclines à tout ce qui peut être addiction.

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    1. L'ASMR ça m'angoisse, j'ai du mal avec les voix humaines...Mon insomnie vient surtout de mon sommeil super léger et d'une volonté de pas dormir assez (un peu comme se faire du mal mais au niveau du sommeil). Si j'ai le bon degré d'épuisement j'arrive à me maintenir dans un état qui va presque bien.

      J'ai pareil, la tendance aux addictions en tout genre...Même si je décroche facilement des trucs, au final ça passe juste d'une chose à l'autre et je suis toujours plutôt dans un état de dépendance.
      C'est agaçant.

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    2. Tu as aussi des vidéos où les personnes ne parlent pas, généralement elles sont indiquées par "no talking" :)

      Au contraire de toi je décroche très difficilement. J'ai toujours un problème avec la bouffe. Régulièrement je sais pas si j'ai faim ou si j'ai envie de manger, j'ai des envies de manger quand je me fais chier, et souvent j'ai l'impression plus de me gaver que de manger... j'essaye de m'améliorer mais comme j'ai un esprit assez faible...
      C'est très agaçant !

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    3. Oh je ne savais pas, je vais regarder =)

      Je pense pas que ce soit une histoire d'esprit faible...C'est plus une histoire d'habitude, tu fais comme ça depuis longtemps et c'est compliqué de gérer les choses liées à la nourriture, c'est pas comme si tu pouvais ne pas en acheter et t'en sevrer totalement.

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    4. Effectivement, mais d'autres choses ne concernent pas la nourriture... je crois qu'il y a de ça (la difficulté de la nourriture c'est aussi que je ne sais pas depuis combien de temps ça dure, je n'ai pas repéré le basculement de départ) mais comme d'autres choses ne concernent pas la nourriture...

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    5. Effectivement. Je te souhaite bien du courage en tout cas =)

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    6. C'est gentil ! A toi aussi :)

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