mercredi 1 mars 2017

Lapinologie - être déçu

Quand j'ai rencontré Tolstoï-le-lapin-de-moi, j'ai essayé de tout faire bien.
Je m'allongeais par terre pour laisser la bestiole venir découvrir l'autre bestiole (moi). Je lui faisais des caresses qu'il pouvait apprécier (il y a des contacts que les lapins préfèrent à d'autres (Tolstoï-le-lapin préfère qu'on lui masse gentiment les joues)). Je refusais de le brusquer, je refusais de le prendre de force pour le caresser, je refusais quoi que ce soit de violent (et d'abuser de ma taille d'humain). J'avais envie de hurler sur mon père qui lui criait dessus, qui lui faisait peur, qui était brusque - mais non un enfant ça doit le respect et puis c'est drôle c'est pas grave je m'en fous que tu fasses ton possible pour cet être vivant soit heureux et sécurité et en bonne santé.

Puis j'ai eu un énorme épisode dépressif. J'ai arrêté de passer du temps avec mon lapin. Ou le temps que je passais avec lui était frustrant. Les deux attaquaient les mains dès qu'on les approchaient d'eux. Pas sociables.
Puis je suis partie à la fac.
Donc plus de lapinage.
Du tout.
J'avais abandonné un animal qui était sous ma responsabilité et je me sentais coupable. A la fin ils ne sortaient presque plus de leur cage et ils mangeaient des mélanges de granulés avec du maïs dedans (alors que hein (je peux te balancer des infos pendant très très très longtemps à propos des lapins, tu sais))(mais bref retient ceci : herbivore strict, pas de fucking céréales, et si tu as envie tu peux lire les 12 pages de pdf)(j'ai eu du mal à trouver des sources qui ne sont pas des sources de "comment alimenter ton lapin si tu veux faire un élevage pour manger du lapin").
Et puis Bubulle-le-second-lapin est mort.
La tête dans sa gamelle de graines toxiques.

Et j'ai pleuré parce que c'était ma faute parce que je n'avais pas su protéger les bestioles. Parce qu'il avait 5 ans et que ce n'est pas vieux, comme âge (pas du tout) pour un lapin. Parce que c'était ma putain de faute.

Alors le Fou a dit d'accord, on le prend ta bestiole, on le met dans un coin.
Semi-liberté. Il a un enclos d'un mètre vingt sur un mètre vingt, accès à tout l'appart, des trucs pour défouler sa lapinance dessus (#BouleFoin), de la meilleure nourriture (même si le changement se fait en douceur - càd je lui file encore des graines mauvaises mais pas tous les jours et qu'il a que des micro quantités de nouveaux aliments). Il ose pas encore sortir, peut-être qu'il osera jamais (aussi le reste de l'appartement est bof intéressant d'un point de vue lapin, y'a rien à brouter et pas de trou pour se cacher), même si pendant le nettoyage de litière il a pointé son nez dehors très vite en marchant comme quand il était encore petit (pas par petits bonds mais comme un petit chien. C'est très mignon en vrai).

Je sens que ça va être très dur de gagner sa confiance en tant que nous humains. Pour le moment il se fout de notre présence / il est pas très content de nous. Il est moins craintif avec moi qu'avec le Fou parce qu'il me connaît un peu et que le Fou essaye de jouer avec lui (alors qu'on a un lapin pour qui les mains sont des choses méchantes qui te saisissent pour te déplacer dans les airs).
Mais il fait sa vie de lapin. Il joue avec ses jouets. Il fait des siestes, couché comme une poule, il se lave pendant au moins 18h par jour (je n'ai jamais vu un lapin faire autant sa toilette), il se barre vite fait en jetant ses pattes en arrière dès qu'on l'embête (càd quand on lui donne de la nourriture), il grognoute comme un lapin curieux dès qu'on fait des trucs dans son enclos (#LeGrandNettoyage), bref, il fait des mignonneries de lapin.

Il m'a laissé le caresser un peu à un moment où il avait peur parce qu'on avait tout chamboulé son environnement (t'avait qu'à pas faire pipi par terre, lapin) et il s'est calmé. J'ai été toute émue-touchée-chamboulée.

Pourquoi je te raconte tout ça, lecteur ?
Déjà parce que j'aime parler de lapins. J'aime les lapins. Si un jour Tolstoï meurt (dans longtemps) ou si j'ai un emploi avant ça, je projette d'en adopter un autre (voir deux ou trois) et d'être très heureuse de ça.
Ensuite parce que, souvent, on lit des témoignages de gens qui ont adoptés des animaux et avec qui c'est idylliques, et on s'imagine que si on en adopte un on va de suite devenir le centre de son univers et recevoir des tonnes d'amour.
Mais ça ne se passe pas tout le temps comme ça.
On est face à un être vivant. Avec un caractère, des émotions, comme nous.
Peut-être que cet être vivant ne nous apportera jamais la tonne d'amour qu'on espérait recevoir. Mais il ne nous doit rien. Nous sommes responsables de lui. Mais il ne nous a rien demandé.
Je suis triste de ne pas pouvoir effacer en un clin d'oeil les erreurs que j'ai faites avec Tolstoï le lapin. J'aimerais qu'il sache que je veux juste son bien.
Mais il n'a aucun moyen de le savoir, et je ne peux pas lui en vouloir de ne pas être câlin avec moi, de ne pas avoir une relation aussi cool avec lui que quand il était bébé. C'est moi qui ait fait des erreurs avec un lapin pas très sociable de base alors je suis triste dans mon coin et je prends mon temps avec lui. Et ça prendra sans toute plus de temps que si je l'avais pas livré à lui-même à un moment.
Il faut passer outre la déception et la frustration.
Alors je fais de mon mieux pour qu'il aille bien, et j'attends.
Et je suis déçue parce que je voudrais bien une relation parfaite avec mon compagnon de planète poilu.
Mais il faut passer outre.

2 commentaires:

  1. Tu as sûrement dû lire margueriteetcie en long, large et travers mais je pense qu'un témoignage de plus ne te fera pas de mal. Il a fallut plusieurs mois avant que mes lapins se sociabilisent, au début ils dormaient uniquement en position assise, maintenant ils se roulent sur le flan sans complexes pour dormir, ils se laissent approcher/caresser et ils viennent même quand on les appelle. Et pourtant au début ce n'était pas gagné, j'ai même cru qu'ils ne m'aimeraient jamais. Ça va te prendre du temps mais Tolstoï finira par être moins craintif.
    Si je peux me permettre de te donner quelques conseils (qui n'en sont peut-être pas): essaye de le caresser quand sa sieste de l'après-midi est presque terminée (pour les miens c'est vers 16h/16h30) il y a des chances pour qu'il soit plus docile parce qu'encore un peu endormi mais suffisamment réveillé pour ne pas se sentir dérangé et tu peux aussi essayer de l'apprivoiser avec des légumes (oui c'est sournois), les miens adorent le céleri, le persil et le panais.
    Bon courage :)

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    1. Je peux réciter le site maintenant ^^
      Merci pour les conseils ! Il est jamais très partant pour des caresses (sieste, pas sieste, moment de folie ou quoi, il accepte juste quand on l'oblige à ne pas s'enfuir...du coup j'essaye de trouver d'autres interactions où y'a pas de contact avec les mains pour voir ce qui se passe). Et la technique "regarde j'ai à manger", faudrait déjà que je trouve ce qu'il aime...Pour le moment je sais ce qu'il n'aime pas x)
      Merci de ton témoignage en tout cas, ça fait plaisir, et je tenterais les câlins au moment de la fin de sieste =)

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